Yannick Bolloré aurait fait les choses un peu différemment. Lors d'une rencontre avec l'association des journalistes médias aujourd'hui, le PDG d'Havas a évoqué publiquement pour la première fois la polémique entourant la séquence jugée homophobe diffusée dans l'émission "TPMP Radio Baba" en mai dernier sur C8.
Regrettant la diffusion d'une telle séquence, Yannick Bolloré, "très ami avec Cyril Hanouna", a cependant pris la défense de l'animateur de C8 et récusé l'idée qu'il soit "homophobe". "Il a des valeurs qui sont totalement ouvertes, positives, de respect de chacun", a-t-il tenu à préciser. "Après, c'est un plaisantin, un amuseur public, dans son rôle", a-t-il ajouté. Yannick Bolloré a d'ailleurs révélé qu'il avait parlé avec Cyril Hanouna de cette séquence. "Je lui ai dit qu'en tant qu'icône moderne, il avait des responsabilités nouvelles. A sa place, j'aurais fait une pause. Je lui ai dit d'ailleurs. Cela aurait permis de calmer les esprits ", a estimé le fils de Vincent Bolloré.
Yannick Bolloré a poursuivi ses explications : "Il y a cinq ans, il (Cyril Hanouna, ndlr) n'était pas grand chose. Ce n'était pas une icône (...) Tout d'un coup, il s'est retrouvé avec ce statut, d'une sorte de demi-dieu, et de meilleur talk-show de France, avec plusieurs millions de followers etc... Un truc un peu dément !", a poursuivi Yannick Bolloré. "Il ne mesure pas forcément la popularité qu'il a. (...) Je pense qu'une telle popularité vous donne un surcroît de responsabilité par rapport à d'autres animateurs de plus faible écoute, qu'il n'avait pas forcément mesuré. Il s'est excusé, ce que j'ai trouvé plutôt bien", a-t-il conclu sur ce sujet.
Le PDG d'Havas, l'un des leaders de la publicité, a par ailleurs évoqué la désertion de "Touche pas à mon poste" par les annonceurs qui a suivi la diffusion de la séquence. Une désertion qu'il a vécue aux premières loges. "C'était horrible", a-t-il témoigné. "On était les premiers à appeler nos clients pour leur conseiller de se retirer de l'émission. Ce n'est quand même pas agréable... On leur disait qu'il y avait ce problème et que cela pouvait leur retomber dessus. Ca a été très difficile humainement" a-t-il raconté.
Yannick Bolloré a par ailleurs regretté que l'état-major de Canal+ ne se soit pas exprimé davantage lors de cette crise. "Ce n'est quand même pas normal que quand il y a un problème avec Cyril Hanouna sur une blague, cela retombe sur Vincent Bolloré", a-t-il estimé, jugeant que le management intermédiaire aurait pu "s'exprimer". Yannick Bolloré a cependant salué les récentes prises de parole dans les médias de Maxime Saada, DG de Canal+ et de Gérald Brice-Viret, patron des programmes et des antennes du groupe.
Yannick Bolloré a d'ailleurs estimé qu'un des problèmes majeurs de Canal+ résidait dans sa communication. "S'il y a un 'Canal bashing' actuellement, c'est peut-être qu'il y a des raisons. Il faudrait voir comment endiguer ces raisons pour que Canal redevienne la marque attractive qu'elle a été il n'y a pas si longtemps", a-t-il jugé. Et d'ajouter : "Moi je trouve que la communication qui est faite ne correspond pas à la réalité de Canal, dont l'ambition est de faire une grande chaîne 'auteurs-friendly', de développer la création, de se développer à l'international (...) Le message ne passe pas", a-t-il constaté, sans blâmer pour autant les journalistes. "Il y a un problème, il y a un décalage très fort entre le message envoyé et sa réception dans les médias. Dans le chemin, il y quelque chose qui se perd", a-t-il conclu sur le sujet.