Robert De Niro qui pleure dans un canapé, on l'a déjà vu dans "Mafia Blues", film de 1999 dans lequel l'acteur américain prenait un malin plaisir à jouer avec son image de mafieux, cette fois victime d'une crise existentielle. Car depuis ses débuts, l'image qui colle à la peau du comédien est celle d'un homme dur, solide, même quand il s'en amuse dans des comédies comme "Mon beau-père et moi", par exemple. Un type de rôle qu'on associe souvent à l'acteur, mais dont il s'éloigne avec le temps.
En ce début d'année, Robert De Niro est ainsi à l'affiche de "Happiness Therapy" de David O'Russell, réalisateur à qui l'on doit également "The Fighter", sorti en 2010. Comédie romantique originale, "Happiness Therapy" suit Patrizio, trentenaire bipolaire qui tente de reconstruire sa vie après sa séparation avec sa femme, qui s'est fait dans la violence et qui l'a envoyé pendant huit mois en hôpital psychiatrique. Une fois sorti, il s'installe chez ses parents. C'est Bradley Cooper qui campe Patrizio, tandis que Robert De Niro incarne son père, un retraité qui s'est reconverti en bookmaker.
Aux Etats-Unis, le film rencontre un joli succès et a déjà raflé plusieurs récompenses et a permis à Jennifer Lawrence, rôle féminin principal du film, de repartir avec le Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie. Et la moisson n'est peut-être pas finie puisque le film est nommé à huit reprises aux prochains Oscars, et notamment dans les catégories meilleur film et meilleur réalisateur, mais aussi meilleur acteur pour Bradley Cooper, meilleure actrice pour Jennifer Lawrence et meilleur second rôle masculin pour Robert De Niro.
Et le succès du film permet au réalisateur et à l'équipe du film d'évoquer les problèmes psychiatriques qui touchent de nombreuses familles mais dont on parle peu. Un sujet important pour David O'Russell, comme il l'a évoqué sur le plateau du talk-show de Katie Couric, il y a quelques jours. Aux côtés de Robert De Niro et Bradley Cooper, le réalisateur a expliqué que son fils était atteint de troubles de l'humeur et qu'il était parfois difficile de trouver le moyen de l'aider. Des difficultés qui ont fait grandir le réalisateur. "La taille de mon coeur a été multipliée par cinq depuis sa naissance", a expliqué David O'Russell pour évoquer l'amour qu'il éprouve pour son fils.
Un thème difficile, donc, et important, qui a manifestement touché Robert De Niro. Alors que Katie Couric se tourne vers lui après les propos de David O'Russell, l'acteur commence à expliquer qu'il s'est senti une responsabilité supplémentaire en participant à ce film, avant de craquer ! Incapable de continuer à parler, il est réconforté par Bradley Cooper, dont les yeux rouges confirment qu'il est lui aussi très ému. Katie Couric tente de reprendre le fil de l'interview et évoque l'expérience de l'acteur, dont le père était lui-même dépressif. Mais c'est finalement David O'Russell qui reprend la parole, et qui explique que, déjà, quand il a présenté le scénario à Robert De Niro, l'acteur s'est mis à pleurer. "Je l'ai vu pleurer pendant dix minutes et je me suis dit qu'il y avait une vraie connexion entre lui et le texte, et que ça serait merveilleux qu'on puisse travailler ensemble parce que je pensais qu'il y mettrait tout son coeur. Et il l'a fait", a expliqué le réalisateur.