Quentin Tarantino sort du silence. Depuis l'éclatement de l'affaire Weinstein, le prolifique réalisateur américain ne s'était pas exprimé publiquement sur les déboires de celui qui était le distributeur et producteur de tous ses films depuis "Pulp Fiction" en 1994. Le 14 octobre dernier, Amber Tamblyn, proche du réalisateur, avait simplement publié, sur Twitter, un communiqué laconique de ce dernier dans lequel il se disait "abasourdi", précisant avoir besoin de quelques jours pour "gérer (ses) émotions et (sa) colère" avant de parler publiquement.
Une semaine plus tard, c'est dans les colonnes du "New York Times" - journal qui a publié les premières révélations sur l'affaire Weinstein - que Quentin Tarantino décide de s'exprimer. Dans le cadre de ce très long entretien, le réalisateur fait part de ses remords, avouant qu'il était parfaitement au courant du comportement de Harvey Weinstein. "J'en savais assez pour faire plus que ce que j'ai fait", explique-t-il, précisant "Il n'y avait pas que les rumeurs habituelles (...) Ce n'étaient pas de petites histoires. Je savais qu'il avait fait quelques unes de ces choses".
"N'importe quel proche de Harvey a au moins entendu parler de l'un de ces incidents. C'était impossible de ne pas être au courant", admet le réalisateur avant de regretter le fait qu'il n'ait pas pris ses responsabilités par rapport "à ce qu'(il) avait entendu". "Si j'avais fait ce que j'aurais dû faire, alors je n'aurais pas dû travailler avec lui", reconnaît Quentin Tarantino. Au cours de l'interview, le réalisateur explique qu'il était notamment au courant de l'accord de confidentialité signé entre son producteur et Rose McGowan, victime présumée d'un viol.
Le réalisateur de "Kill Bill" affirme également qu'il était au courant des attouchements forcés que Mira Sorvino, son ex-fiancée, aurait subi de la part de Harvey Weinstein. En définitive, Quentin Tarantino reconnaît qu'il a "marginalisé ces incidents". "Tout ce que je peux dire maintenant aura l'air d'une pauvre excuse", déclare-t-il, disant avoir "vraiment honte". Le réalisateur en profite pour lancer un appel "aux autres mecs qui en savent plus". Il demande à ces derniers "de ne pas avoir peur", expliquant "ce qui était auparavant accepté est désormais intenable pour celui qui a une conscience".