"Menaces de mort, appels au viol, insultes, cyberharcèlement sur les réseaux sociaux, interdictions de couvrir des événements politiques, intimidations lors des manifestations..." Les sociétés des journalistes, des rédacteurs et du personnel d'une trentaine de rédactions nationales et locales ont publié, hier, une tribune pour dire "stop aux menaces de l'extrême-droite visant les journalistes" et interpeller le gouvernement ainsi que l'ensemble des forces politiques.
"Plusieurs journalistes couvrant l'actualité de l'extrême-droite font face, ces dernières semaines, à une violence d'une rare intensité, totalement inacceptable, ayant pour dessein d'entraver leur travail", s'insurgent-elles, exemples à l'appui, dans le communiqué. Des journalistes de "Street Press", parmi lesquels le rédacteur en chef Mathieu Molard, et du "Media TV" (Taha Bouhafs) ont ainsi reçu par message des menaces émanant d'un "groupuscule néonazi leur accolant une cible sur la tête, au milieu de dessins racistes censés représenter des musulmans, des juifs et des noirs".
Ce groupe a usé des mêmes menaces à l'encontre de Jean-Luc Mélenchon et de la députée France insoumise de Paris, Danièle Obono, qui ont déposé plainte dès lundi, et d'un syndicaliste étudiant, révélait "Street Press" en début de semaine. Le rédacteur en chef du site d'information, Mathieu Molard, est particulièrement dans le viseur de ces groupes depuis la publication d'une enquête "qui montre des militants pro-Zemmour – la Famille gallicane – tirer à l'arme à feu sur des caricatures racistes". "Après la publication de l'enquête le 2 novembre, j'ai été invité par "Le Média TV" puis sur BFMTV pour évoquer notre travail. C'est après ce passage que des 'influenceurs d'extrême droite' ont lancé une campagne de cyberharcèlement contre moi", résume-t-il dans "Télérama". "En l'espace d'une heure, plus de 1.000 militants et sympathisants d'extrême droite ont multiplié menaces de mort et injures" sur son compte Instagram personnel.
Le procédé est le même lorsqu'une journaliste de "Médiapart" publie une enquête sur des Youtubeurs d'extrême-droite. Les relations entre la presse et l'extrême-droite sont délétères également en régions. "Lors d'une réunion publique d'Éric Zemmour, le 12 novembre à Bordeaux, les journalistes de 'Sud-Ouest' ont été interdits d'accès. Cette position a été assumée par l'équipe d'Éric Zemmour en la justifiant par le traitement journalistique du quotidien régional d'un événement précédent", relate les signataires de la tribune qui en appellent au gouvernement de Jean Castex et à l'ensemble des forces politiques afin "qu'ils défendent réellement la liberté d'informer et prennent enfin la mesure de la gravité de la situation à la veille d'une échéance politique cruciale".
Ont signé le communiqué les sociétés des journalistes, sociétés des rédacteurs et du personnel de l''AFP', "Arrêt sur images", BFMTV, "Challenges", "Courrier international", "Les Échos", "Le Figaro", France 2, France 3 national, franceinfo.fr, franceinfo:, "L'Express", "L'Humanité", "Journal du dimanche", LCI, "Libération", "12.45" et "19.45" de M6, "Marianne", "Mediapart", Le Media TV, "Midi Libre", "Le Monde", NRJ group, "L'Obs", "Paris Match", Premières lignes, Radio France, RFI, RMC, RTL, "Sud Ouest", "Télérama", TF1, "La Tribune" et TV5 Monde. La SDJ du "Parisien-Aujourd'hui en France" a fait savoir sur Twitter qu'elle s'associait, elle aussi, à cette tribune.