Et le "Prodige" de l'année 2019 est... Cette réponse, seul le public de Metz, les jurés, les membres de la production ou Marie-Sophie Lacarrau la possèdent. Car si le concours de France 2 qui met à l'honneur les jeunes talents de la musique classique ne sera diffusé qu'en fin d'année, la finale a été enregistrée samedi après-midi depuis la ville de Moselle. puremedias.com était présent sur place mercredi dernier, pour la demi-finale, l'occasion d'échanger avec ceux qui font vivre sur scène et à l'écran cette création française signée EndemolShine France, qui a déjà creusé son sillon en Espagne, en Italie et en Albanie. Dans ce pays du sud-est de l'Europe, les Français, avec leurs deux primes annuels, sont des petits joueurs. Là-bas, ce sont pas moins de 10 numéros de "Prodiges" qui sont proposés.
Ici, la production invoque des raisons de budget pour justifier qu'il n'y ait que deux émissions par saison. Car produire "Prodiges" coûte "très cher" selon Michel Eli, co-créateur du format avec Thierry Saïd, qui n'enfreint pas la règle du milieu de la production voulant qu'on ne donne jamais aucun chiffre. Heureusement, le programme peut compter sur l'appui des différentes collectivités qui accueillent toute l'équipe chaque année et mettent gracieusement à disposition la salle de spectacle - les arènes de Metz en 2019 - ainsi que l'orchestre et les choeurs pour accompagner les enfants.
Comme aime à le rappeler Michel Eli, la première mission du programme est de "démocratiser sans vulgariser" la musique classique. Emission de télévision oblige, les morceaux sur lesquels se produisent les talents ne doivent pas excéder trois minutes et ce même si leur version complète fait souvent plus du double. L'astuce pour cela est de sélectionner seulement une partie du titre pour garder un ensemble cohérent. "On ne saucissonne pas les morceaux, on les édite", précise Michel Eli. Nicolas Missoffe, responsable des programmes musicaux chez EndemolShine France, reconnaît cependant volontiers que "la musique classique à la télévision, c'est compliqué".
Le rythme est intense, avec seulement deux jours de répétition par émission. A la réalisation, Tristan Carné est rompu à ce genre d'exercice, lui qui est déjà à la manoeuvre sur "Danse avec les stars" ou "The Voice" sur la première chaîne. Pour lui, réaliser un divertissement signifie "montrer au téléspectateur ce qu'il voudrait voir s'il était dans la salle". Il travaille donc main dans la main avec la chef d'orchestre Zahia Ziouani afin d'obtenir un résultat irréprochable. "Elle vient écouter le mix antenne dans le car régie, souligne-t-il. Nous prenons autant de temps à répéter l'image que le son".
Si "Prodiges" obtient chaque année la note la plus élevée au sein du Qualimat, le baromètre qualitatif de France Télévisions, il n'en demeure pas moins que les audiences du programme baissent année après année. Ils étaient ainsi seulement 2,56 millions (12,3%) au rendez-vous en moyenne en 2018 contre 3,1 millions (14,8%) un an auparavant. La saison dernière avait été marquée par le départ de l'animatrice historique Marianne James et par l'arrivée de Daphné Bürki, qui a choisi de ne pas rempiler pour cette 6e saison en invoquant un emploi du temps chargé. Outre cette raison officielle, la performance de la jeune femme n'a pas fait l'unanimité auprès du public. "Je l'ai trouvée excellente mais elle n'était peut-être pas pile poil bien dans l'émission à cause de ses tatouages, donc on a eu des gens qui étaient un peu choqués à vrai dire. Elle était peut-être trop rock'n roll", analyse Michel Eli avec le recul.
Une image rock'n roll qu'on ne pourra pas reprocher à celle qui lui a succédé : la journaliste Marie-Sophie Lacarrau, figure du "13 Heures" de France 2 et des prime time événementiels de la chaîne, pour qui la jurée Elizabeth Vidal, qui est restée très proche de Marianne James, a eu un coup de coeur. "Non seulement elle avait l'air parfaite, mais elle l'est profondément", assure la soprano, conquise. Dès les premières minutes de la demi-finale, Marie-Sophie Lacarrau, étonnée mais aussi ravie d'avoir été choisie par la chaîne, a affirmé à l'antenne avoir "une pensée profonde" pour Marianne James et Daphné Bürki.
L'enregistrement de ce numéro inaugural, placé sous le signe de Noël dans un nouveau décor, a duré pas moins de quatre heures, pause de 30 minutes comprise, mercredi dernier. Toute en empathie, peut-être parfois trop, Marie-Sophie Lacarrau a relevé avec une certaine aisance le défi que représentait sa première émission en solo. L'accent sera visiblement mis cette année sur l'émotion avec une présence beaucoup plus importante des parents des prodiges à l'antenne, interrogés à chaud par l'animatrice sur la prestation de leur progéniture ou invités à venir sur scène les serrer dans leurs bras...
Fin décembre, le public découvrira la nouvelle promotion, composée de 16 candidats âgés de 10 à 16 ans, dont des jumeaux de 12 ans, une première. Au registre des premières fois également, on pourra voir un jeune homme jouer de la harpe et une jeune fille de 11 ans montrer l'étendue de son talent à la trompette. Deux instruments habituellement pratiqués par les sexes opposés.