Cyril Hanouna a fait déborder le vase. Après une saison marquée par des dérapages à répétition, le talk-show de C8 termine sa saison mouvementée en s'attirant les foudres du gendarme de l'audiovisuel. Très critiqué pour sa passivité vis-à-vis des nombreuses incartades du trublion de la Huit, ce dernier a décidé de frapper un grand coup en privant le programme de pub pendant trois semaines.
C'est la première polémique de la saison. Le 27 septembre, en plein direct, Cyril Hanouna s'en prend à Matthieu Delormeau en des termes fleuris. Objet de la bisbille maquillée d'esprit rigolard : Le chroniqueur sous-entend qu'il était une star sur NRJ 12. "Non mais excusez-moi, je vais quand même revenir sur un truc, parce que j'en ai assez qu'il dise 'Sur NRJ 12, j'étais...', NRJ 12 ils vous ont mis dehors comme une merde" rétorque l'animateur sous les yeux du chroniqueur médusé. "Je vais vous raconter l'histoire ! Qui c'est qui est venu en juillet dans mon bureau comme une pleureuse, hein ? Mais ferme ta gueule ! Quel bouffon celui-là" poursuit ensuite l'animateur devant des chroniqueurs hilares.
La séquence ne manque pas de susciter la consternation, certains y voyant un cas de d'humiliation saupoudré de harcèlement moral. Deux mois plus tard, le gendarme de l'audiovisuel adresse une mise en garde à C8, considérant que "l'agression verbale de l'animateur à l'encontre de l'un des chroniqueurs constitue un manque de retenue dans la diffusion de telles images susceptible d'humilier les personnes".
Le 14 octobre, au beau milieu de la nuit et en plein marathon des "35 heures de Baba", Jean-Michel Maire dérape en direct en embrassant une jeune femme sur la poitrine... contre la volonté de cette dernière. Dénommée Soraya Riffi, celle-ci avait clairement dit "non" alors que Cyril Hanouna l'invectivait à "embrasser Jean-Michel Maire". Après le fameux "baiser sur le sein", l'animateur demande tout de même à la jeune femme d'excuser son chroniqueur, "un goujat de première". Un désaveu bien timide qui ne suffit pas à calmer la colère de nombreux téléspectateurs qui saisissent le CSA par centaines et l'hallali sonnée par les féministes qui vont jusqu'à utiliser le hashtag "#Cultureduviol" sur Twitter.
Dès le lendemain, Laurence Rossignol, alors ministre de la Famille, de l'Enfance et du Droit des femmes, s'empare de la polémique et annonce avoir saisi le CSA de ce qu'elle qualifie être une "agression sexuelle". Au global, cette séquence a généré quelque 250 signalements auprès du gendarme de l'audiovisuel.
Vendredi 3 novembre, Cyril Hanouna retrouve sa bande de chroniqueurs et ses téléspectateurs en prime pour "TPMP : La grande Rassrah !". Cette soirée aux faux airs de "Surprise sur prise" est en fait un condensé de caméras cachées dans lesquelles l'animateur-producteur s'amuse notamment à piéger ses chroniqueurs. Parmi eux, Matthieu Delormeau, victime en début d'année de l'affaire dite des nouilles dans le slip, fait l'objet d'un traitement bien particulier puisqu'il est au centre d'un canular au cours duquel l'animateur de C8 feint de tuer un pseudo producteur américain. Comble du mauvais goût : Cyril Hanouna laisse croire à son chroniqueur pendant une nuit entière qu'il va lui faire porter le chapeau pour ce meurtre. En retour plateau, Matthieu Delormeau, qui dit s'être cru complice d'un homicide et révèle avoir contacté un avocat cette nuit-là, ne parvient pas à retenir ses larmes en revoyant la séquence.
Après diffusion de la séquence, la polémique ne met pas longtemps avant d'exploser sur les réseaux sociaux. De nombreux téléspectateurs sont choqués et le CSA est à nouveau saisi à plusieurs centaines de reprises. Deux semaines après la diffusion de la caméra cachée, le gendarme de l'audiovisuel décide de hausser le ton et d'ouvrir une procédure de sanction contre la chaîne du groupe Canal+, estimant que le canular relevait d'un manquement à l'obligation de "respect de la personne humaine".
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Après l'épisode avec Matthieu Delormeau, le Conseil supérieur de l'audiovisuel ouvre de nouveau le 23 décembre une procédure de sanction contre "Touche pas à mon poste" et son présentateur. Cette fois-ci, le régulateur de la télévision intervient après une séquence dégradante dans laquelle Cyril Hanouna pose ostensiblement la main de la chroniqueuse Capucine Anav sur son sexe à travers son pantalon, alors que celle-ci a les yeux fermés. Quelques jours après, le CSA reçoit plus de 1.000 signalements pour ce dérapage.
Le 14 décembre, l'Association des journalistes LGBT avait pourtant déjà alerté l'opinion en publiant une étude dans laquelle elle notait dans l'émission 42 références à l'homosexualité, "souvent pour en rire de manière rabaissante". Au centre de ces moqueries, Matthieu Delormeau, "souffre-douleur numéro un" de Cyril Hanouna, "obsédé par l'homosexualité" et qui avait outé quelques mois auparavant son chroniqueur en direct dans l'émission.
Le 18 mai, lors du prime "TPMP Radio Baba", l'animateur-producteur se fait passer pour Jean-José, un jeune homme de 26 ans bisexuel qui a posté une annonce sur un site de rencontres bisexuelles. En prenant une voix efféminée, le présentateur répond à plusieurs hommes pour se moquer d'eux en direct à l'antenne. Sur Twitter, de nombreux téléspectateurs dénoncent cette séquence homophobe, et le CSA est interpellé à plusieurs centaines de reprises dans la foulée, un chiffre qui atteint rapidement les plus de 25.000 signalements.
Le lendemain, l'animateur profite de la fin de son émission pour revenir sur la séquence et s'en prend directement au CSA. "Il a incité à nous dénoncer. Ils veulent faire parler d'eux et ça, c'est nul. J'ai rien contre le CSA. Mais sur le dos d'une cause, essayer de faire parler d'eux, ça c'est nul", s'agace Cyril Hanouna, ajoutant que "le CSA, qui appelle les journalistes, c'est extrêmement grave. Pour faire parler d'eux, c'est inadmissible."
Après la diffusion de la séquence, et vu l'ampleur que prend la polémique, plus de trente marques décident de se désolidariser de "Touche pas à mon poste" le lundi 23 mai, retirant leurs investissements publicitaires sur le créneau de l'émission. Le même jour, le CSA annonce ouvrir une nouvelle procédure de sanction contre Cyril Hanouna et "TPMP", estimant que la séquence constitue "une méconnaissance du respect de la dignité humaine et (un) encouragement à un comportement discriminatoire."
Pierre Dezeraud & Florian Guadalupe.