Des salariés inquiets. Dans un communiqué commun publié ce jeudi, les syndicats CFDT, SNJ, CGT, CFE-CGC, CFTC et FO de la radio Europe 1 interpellent directement leur grand patron Arnaud Lagardère quant à l'avenir des principales activités du groupe et en particulier du pôle radio. Devenu le premier actionnaire de Lagardère, Vincent Bolloré ne cache pas son intérêt pour Europe 1 et pour Hachette Livre, tandis que Bernard Arnault, détenteur de 27% de la holding personnelle d'Arnaud Lagardère, serait intéressé pour récupérer le "JDD" et "Paris Match".
En février dernier, en marge de la présentation des résultats annuels de son groupe, Arnaud Lagardère avait temporisé en assurant n'avoir pris "aucune décision" en la matière. Mais le limogeage en début de semaine du PDG de Hachette Livre Arnaud Nourry, qui s'était publiquement opposé à tout démantèlement, a donné un signal peu encourageant.
C'est d'ailleurs cet énième rebondissement au sein de l'empire Lagardère qui a encouragé les représentants des salariés à prendre la plume. "Ne tournons pas autour du pot : Arnaud Nourry paye ses prises de position récentes contre la perspective d'un démantèlement d'Hachette Livre, entreprise qu'il présidait depuis dix-huit ans. Perspective qui, malheureusement, prend corps : plus rien ne semble s'opposer désormais aux emplettes que Vincent Bolloré rêve de faire au sein d'Hachette pour garnir le panier de sa filiale Editis. Et au-delà d'Hachette, ses manoeuvres pour compléter son puzzle dans les médias...", débute ainsi le communiqué.
Et les signataires de poursuivre, soudain plus familiers : "Ohé !... Arnaud Lagardère, où êtes-vous ? que faites-vous ? Le groupe que vous dirigez va-t-il être sacrifié sur l'autel du rétablissement de votre situation financière personnelle ? Quel pacte êtes-vous en train de conclure avec les prédateurs qui font des ronds au-dessus de nos têtes depuis plus d'un an ?".
Les syndicats déplorent le mutisme de leur dirigeant : "Votre silence depuis un an nous donne l'impression d'une fin de parcours. Tout comme l'arrêt des investissements et l'étiolement du management". Ils rappellent au passage leur attachement aux valeurs du groupe autrefois dirigé par Jean-Luc Lagardère, disparu en 2003 : "Liberté d'expression, pluralisme, respect des différences, indépendance, recherche de la vérité, goût pour le travail bien fait, soif de progrès...".
A travers ce communiqué, les signataires souhaitent donc une prise de conscience immédiate de leur dirigeant. "Les entreprises qui composent votre groupe et les salariés qu'elles rassemblent ne sont pas un jeu de quilles. Avez-vous conscience que ces richesses risquent de disparaître dans le maelström qui se prépare ? Nous, représentants des salariés au Comité de groupe, sommes persuadés qu'il est encore temps de l'éviter. Nous nous mobilisons dès maintenant pour faire barrage à un dépeçage allant contre l'intérêt des salariés du groupe", préviennent-ils.