Vers un procès dans le cadre des affaires africaines de Vincent Bolloré ? C'est ce que souhaite Isabelle Prévost-Desprez, la présidente de la chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, où avait lieu aujourd'hui l'audience destinée à valider la procédure de plaider-coupable négociée par le milliardaire et par deux de ses cadres, Gilles Alix et Jean-Philippe Dorent. Il devait s'agir de l'épilogue de l'enquête ouverte par la justice en 2012 sur la corruption présumée par le groupe Bolloré de deux présidents africains, Faure Gnassingbé au Togo, et Alpha Condé, en Guinée, en échange de concessions portuaires. Mais une grande partie des faits dans le viseur de la justice en Guinée avaient été considérés comme prescrits.
Comme le rapporte "Le Monde", après avoir nié toute responsabilité dans le dossier du Togo, Vincent Bolloré avait déclaré avoir été mis au courant de la prise en charge par SDV Afrique de la majeure partie des dépenses en communication sollicitées par le président du Togo pendant la campagne présidentielle de 2010 auprès de Havas. SDV Afrique et Havas - respectivement devenues Bolloré Africa Logistics et Euro RSCG - sont deux filiales du groupe breton.
Si l'audience de ce vendredi ne devait être qu'une formalité destinée à valider les comparutions avec reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) de Vincent Bolloré et de ses cadres, le tribunal judiciaire en a décidé autrement. Estimant que les faits incriminés ont "gravement porté atteinte à l'ordre public économique", ainsi qu'à la "souveraineté du Togo", la présidente a donc demandé la tenue d'un procès devant le tribunal correctionnel ; décision qui incombera aux juges d'instruction en charge du dossier.
Dans le cadre de la CRPC, Vincent Bolloré, Gilles Alix et Jean-Philippe Dorent avaient accepté de s'acquitter d'une amende de 375.000 euros en échange de l'absence de poursuites et de la non inscription de leur condamnation dans leur casier judiciaire.
Ce vendredi, la justice a seulement homologué la convention judiciaire d'intérêt public (CJIP) concernant la société Bolloré. En tant que personne morale, elle devra payer une amende d'un montant de 12 millions d'euros, calculée sur les bénéfices estimés de l'exploitation de la concession portuaire de Lomé au Togo sur 35 ans.