Canal+ s'agace. Selon une information révélée dans "Europe 1 Culture Médias", le groupe audiovisuel privé réfléchit actuellement à enclencher une procédure judiciaire à l'encontre de la branche française du collectif Sleeping Giants. Très actifs sur Twitter, où ils interpellent directement les annonceurs, ces cyber-activistes sont spécialisés dans l'assèchement financier de sites d'extrême-droite. Leur spécialité est de repérer et interpeler les annonceurs dont les publicités apparaissent sur ces sites afin que ceux-ci les retirent.
Depuis la condamnation en septembre d'Eric Zemmour pour provocation à la haine religieuse, les activistes de Sleeping Giants tentent d'appliquer la même méthode avec les émissions "Face à l'info" sur CNews et "Zemmour et Naulleau" sur Paris Première. Leur objectif est de priver ces émissions de recettes publicitaires afin d'obliger les deux chaînes à les déprogrammer. La situation est plus complexe concernant CNews puisque la chaîne a suspendu la diffusion d'écrans publicitaires durant l'émission d'Eric Zemmour. Ce sont donc les spots qui encadrent "Face à l'info" qui sont visés par Sleeping Giants. Comme le révélait "La Lettre A" il y a quelques jours, CNews ne perd pas grand chose dans la manoeuvre puisque les spots sont déplacés à d'autres horaires.
Mais ça n'empêche pas la pratique d'irriter le groupe Canal+, qui a mobilisé son service juridique sur le dossier. Ainsi, selon "Europe 1 Culture Médias", le groupe, s'estimant victime d'un préjudice - Sleeping Giants affirme que 40 annonceurs ont stoppé leurs "investissements autour de l'environnement toxique d'Eric Zemmour" -, réfléchit à lancer une action civile en responsabilité délictuelle pour appel fautif au boycott. L'union faisant la force, Canal+ souhaite associer le groupe M6, la maison-mère de Paris Première, à sa démarche. Selon Europe 1, des discussions à ce sujet sont actuellement en cours entre les deux groupes.
Sur Twitter, Sleeping Giants a déjà contre-attaqué, se défendant d'appeler au boycott des marques et s'inquiétant de la "liberté d'expression que les chaînes veulent condamner".