Polémique autour du nouveau numéro de "Paris Match" en kiosques aujourd'hui. En cause, un reportage revenant sur l'attentat au camion-bélier survenu le 14 juillet 2016 à Nice. Pour illustrer son dossier de huit pages sur cette attaque ayant coûté la vie à 86 personnes, l'hebdomadaire a notamment décidé de publier des captures d'écran inédites tirées des caméras de vidéo-surveillance. Sur quatre clichés, on peut notamment y voir le poids lourd de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel foncer sur la foule. Une autre photo montre également le corps du terroriste abattu par la police, dans l'habitacle de son camion.
Avant même sa parution, ce numéro de "Paris Match" a provoqué l'indignation de plusieurs associations de victimes des attentats et de responsables politiques locaux. Christian Estrosi, le maire de Nice, a ainsi critiqué la publication d'images "insoutenables et abjectes". L'avocat de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (Fenvac), Eric Morain, a pour sa part estimé qu'il s'agissait de photos "placées sous scellés" qui "portent atteinte à la dignité des victimes et de leurs proches". L'avocat a appelé le parquet antiterroriste de Paris "à faire cesser ce trouble manifestement illicite". Une demande également soutenue par l'association Promenade des anges. Mercredi soir, le procureur de Paris, François Molins, a lancé selon Europe 1 une procédure de "référé d'heure à heure", visant à interdire la diffusion et la vente du numéro. En vain pour l'instant.
De son côté, "Paris Match" a justifié son choix en mettant en avant le "droit à l'information" dans un éditorial signé par le patron de la rédaction, Olivier Royant. Dans son texte, ce dernier explique que ce long reportage rend notamment "hommage" aux victimes en allant à leur rencontre et en recueillant leur témoignage un an après le drame. Olivier Royant est ensuite revenu plus spécifiquement sur les clichés polémiques : "Quant aux photos du camion cette nuit-là, largement publiées et relayées par nos confrères depuis un an, et encore ces jours-ci dans des émissions de télévision à grande audience, il s'agit de vues de loin, de plans larges, sans identification possible des victimes ni atteinte à leur dignité. Elles sont publiées dans un souci de compréhension des événements". Olivier Royant a finalement conclu : "'Paris Match' entend défendre becs et ongles le droit des citoyens, au premier chef le droit des victimes, de savoir ce qui s'est passé exactement. Il exercera avec responsabilité mais avec fermeté sa liberté d'informer qui est un fondement de la démocratie".