Amazon, responsable de la fermeture des magasins Virgin et des difficultés traversées par les petites librairies de quartier ? Pour Aurélie Filippetti, ça ne fait aucun doute. Dans une interview accordée au Républicain Lorrain, la ministre de la Culture et de la communication a une nouvelle fois fustigé la politique commerciale du géant américain - dont la gratuité des frais de port, et la fiscalité avantageuse dont il bénéficie.
La ministre est montée au créneau lorsqu'elle a été interrogée sur la marge de manoeuvre dont elle disposait pour mettre Amazon "à la page". "On a un vrai travail à faire sur l'élaboration de nouvelles règles pour les acteurs du numérique et notamment Amazon. Déjà, il faut qu'ils appliquent la législation qui existe en matière fiscale, il faut qu'ils paient leurs impôts", a-t-elle expliqué. En France, une entreprise réalisant des bénéfices doit en reverser un tiers à l'Etat, ce que font les librairies de quartier ou aux autres enseignes de distribution de produits culturels.
Mais Amazon jongle avec la législation pour échapper à l'impôt grâce à une domiciliation de la société au Luxembourg. "Aujourd'hui, ils nous disent 'alors nous on applique et on respecte la loi'. Sauf que l'on voit bien que l'ensemble du chiffre d'affaires réalisé par Amazon sur le sol français ne correspond pas à l'impôt sur les sociétés qu'ils paient", relève Aurélie Filippetti.
Depuis plusieurs mois déjà, Amazon est dans l'oeil du cyclone. Mais l'exécutif peine parfois à se faire entendre. Il y a quelques mois, Arnaud Montebourg inaugurait, en Saône-et-Loire, une nouvelle plateforme de distribution du géant américain. Celui qui n'était pas encore ministre du Redressement productif avait salué la création de 250 emplois grâce à... un million d'euros d'aides publiques !
Outre les questions de fiscalité, la ministre de la Culture s'est inquiétée dans son entretien de la situation des petits libraires, qui ne peuvent plus rivaliser face au géant américain. "Je ne cesserai jamais de m'insurger contre ces pratiques là, parce qu'elles sont destructrices. Destructrices d'emplois, destructrices de culture et destructrices de lien social. Parce que faire mourir les petites librairies dans les centre-ville, c'est une catastrophe", s'est indignée Aurélie Filippetti.