L'été dernier, Simon Cowell, le producteur star richissime et botoxé, se la jouait. Il avait quitté le jury de son émission phare en Angleterre pour présider celui de la version américaine, lancée en grande pompe sur la chaîne Fox. Mais cet idiot à la tête de hérisson a tout gâché en disant : "si on ne fait pas 20 millions de téléspectateurs, ce sera un échec". Bingo : 12 millions et demi le premier mercredi. Ça lui apprendra à faire sa Lady Gaga. Madonna Jr. avait en effet saboté sa carrière en déclarant au monde entier, pleine d'humilité : "Born this way sera le meilleur album de la décennie". Pas vraiment, non... mais que Gaga se rassure : la couverture, elle, était bien la plus vilaine de ces dix dernières années. Un an après, que penser du télé-crochet ultra médiatisé ? Eh bien, le X Factor US n'a pas brillé : une audience moyenne +, un jury en toc - Nicole Scherzinger ne sait donc décidément rien faire - et une gagnante transparente. Il faut dire que l'émission a dû affronter deux mastodontes : Christina Aguilera (dans The Voice) et J. Lo (dans American Idol). Difficile de ne pas crouler sous leur poids médiatique et leurs kilos d'extensions capillaires. Alors Simon veut mettre les bouchées doubles. Cette deuxième saison est celle de tous les dangers, comme on dit sur NRJ 12. Et il a appelé Britney. Enfin, son père et son manager, puisque, légalement, elle doit leur demander la permission avant de s'acheter un bonbon.
En bookant Britney, Simon Cowell est devenu Mister Buzz 2012. Si ses ventes d'albums se sont écroulées comme des Bouddhas en Afghanistan, l'ex-vierge n'en reste pas moins une icône. Les followers pleuvent sur son compte Twitter - et pleurent un peu aussi, tant ses tweets sont tartes. Ses likers, sur Facebook, sont légion. C'est donc une armée qui, comme un seul homme, se lèvera pour aduler Britney à la télé. Mais l'idole mythique n'aurait-elle pas intérêt à la boucler ? Car Miss Spears est très fragile. Trop, peut-être. Il y aurait d'ailleurs une clause de "non harcèlement" dans son contrat. Pour les autres jurés, le mot d'ordre, ce sera "Leave Britney alone". Son plus gros problème - mis à part l'acné rosacé - c'est que la "chanteuse" a peur des gens. Il suffit de voir cette vidéo, où elle hurle parce qu'un fan monte sur scène en plein concert : on dirait une bande annonce de Saw. Comment pourrait-elle encadrer des "talents" (depuis The Voice, on ne dit plus candidats, méfiez-vous), elle qui a théâtralisé sa dérive à outrance? Elle a des qualités qu'on appréciera certainement : son côté Lolcat, peut-être. Elle est gentille et touchante. Et elle sera bien habillée, pour une fois. Mais, le plus dérangeant, c'est qu'elle cautionne ce jeu de massacre sponsorisé par Pepsi. Un pepsychodrame où, chaque semaine, de très jeunes gens seront jetés en pâture au monstre Fox. Chante, pleure, et puis dégage. On pensait pourtant que Britney refuserait de cautionner cette chance aux chansons mortifère dont elle a tant souffert. Dans For the Record, documentaire d'MTV de 2008 récemment diffusé sur Arte (et pourquoi pas Mezzo, aussi ?), elle pleurnichait en disant que sa vie de star était étouffante et dépassionnée à cause de la célébrité. Comme ces enfants victimes de violences qui deviennent eux-mêmes bourreaux, elle votera bientôt pour briser les rêves d'inconnus bien plus doués qu'elle.
Simon Cowell aurait peut-être mieux fait de demander à Pink, 4x4 de la pop, qui, avec son caractère tout terrain, aurait éclaboussé tout le jury. Et elle aurait tenu la route. Et pourquoi pas Cher ? Ce serait toujours moins compromettant pour elle que d'avoir joué dans Burlesque. Janet Jackson aurait pu faire du bon boulot(te), si elle avait évité de montrer son sein piercé comme au SuperBowl. On oublie Katy Perry - ses cheveux sont trop imprévisibles-, Mariah Carey - trop chère -, Whitney Houston - trop morte- et Crihanna, qui ne sait pas aligner deux mots (dans Battleship, qu'il ne faut surtout pas aller voir, elle enchaîne les onomatopées). Il paraîtrait que Demi Lovato serait sur le point de signer (elle saurait donc écrire). Cette micro star Disney qui se scarifiait avant son passage en rehab ferait vibrer les plus jeunes, apparemment. Hilary Duff, elle, est so yesterday. Cerise blonde platine sur le gâteau faussement rock : Gwen Stefani serait pressentie pour animer l'émission entre deux pubs L'Oréal. Et hop, 7 millions de plus gagnés à ne rien faire. À ce prix-là, autant créer un hologramme de Michael Jackson. Finalement, quels que soient les jurés - Bon Jovi, Fergie ou Bibi - espérons qu'ils auront bien en tête cette pensée shakespearienne : "Juger autrui, c'est se juger".