Priver de médias Eric Zemmour ? C'est en tout cas le souhait exprimé hier après-midi par Bruno Leroux. Dans un communiqué de presse, le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale a tenu à réagir vivement à une interview d'Eric Zemmour publiée le 30 octobre dernier dans le quotidien italien Corriere della Sera. Au cours de cet entretien, le polémiste a notamment envisagé l'hypothèse d'une expulsion de 5 millions de musulmans français.
Déterré par Jean-Luc Mélenchon sur son blog lundi 15 décembre, cet entretien passé jusque-là inaperçu provoque depuis lors une vive polémique. Sur Twitter, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve a ainsi tenu à condamner fermement, hier, les propos d'Eric Zemmour.
Dans son communiqué, Bruno Le Roux a pour sa part qualifié de "honteuse" l'interview d'Eric Zemmour, la comparant à un "suicide intellectuel et moral". "Jamais depuis la guerre, un personnage public n'avait osé suggérer de déporter nos millions de compatriotes de confession musulmane. Jamais n'avait été théorisée une telle haine, une telle négation de leur appartenance à la communauté nationale" a ainsi attaqué le parlementaire PS. Et d'ajouter : "On comprend mieux les tentatives de M. Zemmour pour réhabiliter le régime de Vichy. C'est dans sa politique raciste et discriminatoire qu'il puise son inspiration".
Bruno Le Roux a conclu en demandant aux médias de ne plus donner la parole au polémiste de iTELE et RTL. "Il est temps que les plateaux télé et les colonnes des journaux cessent d'abriter de tels propos. L'islamophobie est un racisme qui ne doit plus avoir pignon sur rue dans la République".
Une partie de la polémique s'est cristallisée sur le terme de déportation ("deportare") employée par le journaliste du Corriere della Serra. "Mais alors que suggérez-vous de faire ? Déporter 5 millions de musulmans français ?" avait-il ainsi demandé d'après le blog de Jean-Luc Mélenchon. Dans sa réponse, Eric Zemmour ne semblait pas se formaliser de l'emploi de ce terme.
"Je sais, c'est irréaliste mais l'Histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 qu'un million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d'Algérie pour revenir en France ? Ou bien qu'après la guerre, 5 ou 6 millions d'Allemands auraient abandonné l'Europe centrale et orientale où ils vivaient depuis des siècles ?" avait-il ainsi répondu dans les colonnes du journal italien.
Dans une interview au Figaro, journal qui emploie Eric Zemmour, le journaliste italien ayant réalisé l'interview, Stefan Montefiori, a précisé aujourd'hui l'échange qu'il avait eu avec l'auteur du "Suicide français". "Il faut préciser qu'Éric Zemmour n'a pas employé ce mot (déportation, ndlr). Au terme d'une conversation sur 'Le Suicide français', les échecs de l'assimilation et du modèle multiculturel, je lui ai posé la question suivante : 'Mais vous ne pensez pas que ce soit irréaliste de penser qu'on prend des millions de personnes, on les met dans des avions...'; il ajoute: 'ou dans des bateaux', et je reprends: 'pour les chasser ?' Ce que j'ai résumé dans la formule qui fait scandale'" a-t-il expliqué.