Toujours bouger. Lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes médias (AJM) aujourd'hui à Paris, Renaud Le Van Kim, co-fondateur de Brut, a montré une ambition intacte pour son média lancé fin 2016. "Nous sommes devenus le premier média européen devant la BBC. L'ambition de Brut est mondiale", a-t-il annoncé sans détour.
Pour continuer d'augmenter son parc actuel de 500 millions d'utilisateurs à travers le monde, le groupe en forte croissance compte poursuivre son développement à l'international. Au Brésil notamment, mais aussi en Afrique, où le média est déjà présent en Côte d'Ivoire, au Sénégal, ou au Maroc. Paradoxalement, cette internationalisation va surtout se faire depuis la France. "On veut re-centraliser nos activités pour des raisons d'optimisation, éditoriale et de coûts", a expliqué Renaud Le Van Kim. Conséquence, son groupe de 350 collaborateurs va réduire ses effectifs aux Etats-Unis et en Inde au profit de son bureau parisien. "Les contenus locaux seront toujours produits localement et les équipes commerciales resteront sur place", a cependant tenu à rassurer le producteur.
Cette "re-centralisation" sera aussi technique. Pour entraver "la déperdition des usages", Renaud Le Van Kim va lancer en septembre une seule et même plateforme regroupant tous les contenus Brut. On y trouvera les courtes vidéos virales à destination des réseaux sociaux, mais aussi les formats longs visibles sur BrutX - qui resteront payants - ou encore les "conversations vidéo" de Brut.Live, un service "pas encore monétisé", lancé il y a près de 8 mois.
L'ex-producteur du "Grand journal" compte par ailleurs "bouger un peu le modèle" de son entreprise. Alors que 60% de ses revenus proviennent actuellement des 10% de contenus de marque produits en interne, Brut veut faire appel à plus de créateurs extérieurs qui, en échange d'un partage de revenus, auront accès au savoir-faire de production et de diffusion de Brut.
Côté éditorial justement, Renaud Le Van Kim va recentrer BrutX, son service de SVOD lancé en avril 2021, sur les documentaires, avec déjà 80 productions par an. "L'expérience BrutX a été mauvaise sur le cinéma, pas mal sur la fiction mais ce genre coûte trop cher pour nous. Elle a en revanche été exceptionnelle sur le doc", a-t-il résumé, sans dévoiler pour autant le nombre d'abonnés à sa plateforme SVOD.
Dans le sillage du partenariat noué cette année avec le festival de Cannes, Renaud Le Van Kim entend aussi mettre le paquet sur "le champ culturel". "Nous avons produit 1.200 contenus autour du festival pour 450 millions de vues !", s'est-il félicité, signe selon lui de l'appétence du jeune public pour cette thématique. Et d'annoncer dans la foulée des partenariats avec les festivals du film d'Angoulême et de Deauville. Brut compte enfin miser davantage sur le métavers, après une incursion dans "Fortnite" durant le festival de Cannes.
En "levée de fonds permanente", Renaud Le Van Kim a assuré que les activités de Brut en France étaient déjà rentables. "Je pourrais décider que je suis tranquille et modéliser un truc qui est rentable. Mais pour un média qui veut se globaliser comme Brut, il faut toujours faire de la croissance et imaginer des choses nouvelles", a-t-il décrypté. Et de conclure : "Moi, c'est simple, je pense fondamentalement que si je ne fais rien, dans trois ans, je suis un vieux média".