
Les débats sont à l'arrêt. L'examen de la proposition de loi sur la réforme de l'audiovisuel public a été suspendu mardi 1er avril en commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale, après un accrochage entre la ministre de la Culture, Rachida Dati, et une fonctionnaire de l'Assemblée.
Alors que les députés débattaient de la proposition de loi visant à regrouper les diverses entités de l'audiovisuel public en une seule société, la ministre a souhaité déposer un amendement pour réécrire une partie du texte. Cet amendement a toutefois été jugé irrecevable par une administratrice de l'Assemblée nationale, ce qui a provoqué une vive altercation. La séance a alors été interrompue le temps que la fonctionnaire explique les raisons de cette irrecevabilité. Selon plusieurs sources, Rachida Dati s'en est verbalement prise à l'administratrice. "Elle l'a presque menacée, elle hurlait, et le député LFI Aurélien Saintoul a dû s'interposer pour calmer les esprits", témoigne une parlementaire présente, rapporte "Le Figaro". "Rachida Dati a été méprisante, rabaissante et dure" ajoute la parlementaire.
Pour l'entourage de la ministre de la Culture, il "ne s'agit pas d'un incident à proprement parler". "C'est l'administratrice qui a dit à la ministre : 'N'essayez pas de déformer la procédure', et Rachida Dati a répondu : 'Ne me parlez pas comme ça'", indique-t-on, toujours selon "Le Figaro". Un incident pourtant qualifié de "grave" par des députés de gauche selon l’AFP. La même source, citée par l'AFP, estime que la suspension de l'examen du texte relève d'une décision "politique", motivée par l'incapacité de la gauche à obtenir les votes souhaités.

Dans un communiqué publié en soirée, la présidente de la commission des affaires culturelles, Fatiha Keloua Hachi, a annoncé la suspension des débats : "Alors que ce texte évolue depuis de nombreuses semaines dans un climat tendu, la ministre chargée de suivre l'examen de la proposition de loi a pris à partie une fonctionnaire de l'Assemblée nationale. (...) S'en prendre à la neutralité des fonctionnaires constitue une atteinte particulièrement grave, que je ne peux tolérer. (...) J'ai décidé de suspendre l'examen de ce texte". Les députés membres de la commission ont reçu un mail indiquant que "les conditions ne sont pas réunies à ce stade pour poursuivre sereinement l'examen de la proposition de loi". La reprise des débats mercredi matin, initialement prévue, demeure incertaine.
Ce nouvel accroc s'inscrit dans un climat déjà tendu autour de la réforme de l'audiovisuel public. La proposition de loi prévoit la création d'une holding, France Médias, regroupant France Télévisions, Radio France et l'INA, mais excluant France Médias Monde (RFI, France 24). Le projet a suscité une forte opposition de la part des syndicats et des salariés du secteur. Depuis lundi, deux journées de grève ont été organisées, réunissant notamment 72% des journalistes de Radio France et 9% des salariés de France Télévisions. Mardi après-midi, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés près du Palais Bourbon pour protester contre la réforme.