La dernière enquête de Médiamétrie, publiée mardi mardin, permet à l'ensemble des stations de faire le bilan de la saison. RTL a confirmé son leadership, distançant le numéro 2 France Inter de plus d'un million d'auditeurs et, surtout, sa musicale Fun Radio a enregistré des très bons résultats dans un marché des musicales pourtant déprimé. Mais la grille de RTL connaît quelques faiblesses que Christopher Baldelli, patron des radios du groupe RTL en France depuis près d'un an, entend bien corriger... L'interview est aussi l'occasion de revenir sur l'actualité et les polémiques qui ont agité le paysage audiovisuel et radiophonique français ces derniers mois.
Ozap : La dernière vague de sondages Médiamétrie crédite RTL de 6,3 millions d'auditeurs, qui est grosso modo votre moyenne depuis deux saisons. C'est un bilan qui vous satisfait ?
Christopher Baldelli : C'est un très bon bilan parce qu'au cours de l'année, nous avons marqué des points. D'abord, de janvier à fin juin, notre audience a progressé, ce qui n'était pas arrivé à RTL depuis 2 ans. Jusqu'à maintenant, RTL était leader mais avec une légère érosion de son audience. D'autre part, au cours de cette saison, nous avons établi le plus grand écart avec le numéro 2, France Inter, depuis 2002.
Quel jugement faites-vous de la chute brutale d'Europe 1 ?
Je ne fais pas de commentaire sur la concurrence...
J'imagine que si un tel événement arrivait à RTL, vous ne resteriez pas sans réactions...
Cela dépend sur quoi porte la baisse. Si la baisse porte sur des points forts de la grille, soit ces points sont changés dans la grille suivante et, à ce moment-là il y a une réponse au problème, soit ces faiblesses ne font pas l'objet de modifications et là c'est un peu moins rassurant...
Un des facteurs de progression de RTL est le 18h/20h de Christophe Hondelatte. Etes-vous tenté d'élargir cette tranche d'informations ?
L'émission de Christophe Hondelatte a en effet gagné de nouveaux auditeurs ; la progression a été forte, à deux chiffres même. Il va garder sa case actuelle, déjà très large, entre 18 et 20 heures. C'est une tranche très complète où il y a l'actualité bien sûr, mais aussi des invités et puis des débats avec On refait le monde.
L'objectif pour RTL Soir, c'est de devenir leader ? France Inter se targue d'être leader de 18h45 à 20h15...
On aime bien être leader vous le savez mais là, l'objectif qu'on se donne, c'est de consolider nos acquis parce que, la saison prochaine, nous aurons une nouvelle concurrence venue d'Europe 1. Leur format d'émission reproduira le nôtre et cela va rendre la concurrence plus frontale.
France Inter s'est félicitée également d'être leader sur deux autres "carrefours stratégiques", ceux de 7h/8h30 et de 12h/14h. Ce sont des faiblesses que vous avez déjà identifiées ?
C’est inexact, sur l’ensemble de la matinale de Vincent Parizot, RTL est clairement leader. Nous continuons néanmoins à la renforcer avec l’arrivée d’Yves Calvi. Pour la mi-journée, nous avons identifié une faiblesse et nous aurons une nouvelle proposition à la rentrée portée par Laurent Bazin (journaliste à i>Télé, NDLR). Quant au soir, où nous sommes en partie leader, nous progressons et France Inter va avoir un nouveau programme qui se fera sans Nicolas Demorand... Sur ces trois carrefours, notre ambition est de progresser et je pense que nous avons des armes à faire valoir et que nous aurons renforcé notre offre à la rentrée.
Justement, parlons de vos nouveautés. Vous avez annoncé les arrivées de Laurent Bazin et d'Yves Calvi, mais aussi celles de Flavie Flament et Jacques Pradel...
Oui, Jacques Pradel présentera une émission quotidienne juste après Les auditeurs ont la parole. Nous travaillons sur le concept et je ne peux pas vous en parler davantage. Le programme de Flavie Flament sera diffusé juste après. Elle dialoguera avec des personnalités. Puis à 16h, Les Grosses Têtes prendront le relais. Yves Calvi sera lui à l'antenne à 8h15. Il recevra chaque jour l'homme ou la femme du jour qui marquera l'actualité.
Une certaine presse a également annoncé l'arrivée de Patrick Sabatier. Qu'en est-il ?
Non. Il n'y a pas eu de discussion sur un projet d'émission entre Patrick Sabatier et RTL, ce n'est pas vrai. On a de bonnes relations avec lui et ça nous arrive de discuter, mais ça s'arrête là.
En revanche, selon nos informations, vous avez négocié avec Nikos Aliagas...
Ecoutez, Nikos est un garçon qui a beaucoup de talent... No comment.
Cette fin de saison médiatique a notamment été marquée par les polémiques à répétition autour de la chronique humoristique de France Inter. Jean-Luc Hees s'est demandé si l'humour avait sa place dans une matinale info. Vous êtes sur la même longueur d'ondes ?
La conception de RTL, c'est que l'humour a sa place dans une tranche d'information. On le démontre chaque jour avec Laurent Gerra (avec qui nous sommes en discussion pour son retour à la rentrée) le matin et avec Tanguy Pastureau le soir. Les humoristes que nous avons chez nous ont une éthique qui est totalement compatible avec l'éthique que nous avons et que j'ai pour RTL.
Didier Porte et Stéphane Guillon virés de France Inter, certains médias ont annoncé qu'ils étaient prêt à les accueillir... Est-ce que vous les avez appelés ?
Non...
Le groupe RTL c'est aussi RTL2 et Fun Radio. Ces deux stations ont vu leur audience progresser cette saison malgré une baisse continue du marché des musicales ces dernières années. Vous avez trouvé la formule magique ?
Je ne crois pas à la crise des radios musicales. Je pense que telle ou telle station musicale a pu éprouver des difficultés, mais aujourd'hui on voit bien que la radio demeure un média très écouté et notamment chez les jeunes. Fun Radio est un format jeune et malgré l'avènement du numérique, elle a enregistré cette saison la plus forte progression de tout le marché.
Lorsque l'on regarde les courbes, on peut raisonnablement penser maintenant que Fun Radio devienne un jour la 2e musicale de France si elle poursuit son ascension actuelle. Dépasser Skyrock, c'est votre objectif ?
Fun Radio connaît, c'est vrai, une progression régulière. Après, je ne sais pas jusqu'où on arrivera. Mais il y a un point qui est important : si Fun Radio a aujourd'hui trouvé son public, c'est aussi une radio qui est devenue attractive pour les annonceurs, ce qui n'était pas forcément le cas avant. Les recettes publicitaires sont en forte progression ces derniers temps.
Justement, à propos du marché pub, on voit que les investissements repartent en télévision. C'est le cas aussi en radio ?
En ce qui concerne le groupe RTL Radio en France, le deuxième trimestre (avril à juin 2010) sera en progression. On reviendra même à des niveaux à peu près identiques à l'année 2008, c'est-à-dire avant la crise.
Pendant plusieurs mois, votre nom a parfois été cité pour prendre la présidence de France Télévisions. Etiez-vous candidat ou vous a-t-on proposé le poste ?
J'ai débuté mes activités à RTL il y a dix mois. En aucun cas je n'ai envisagé de quitter ce travail pour espérer la présidence de France Télévisions. Je tiens à le dire très clairement. Je n'étais pas intéressé par le poste et je n'ai vu personne dans ce cadre-là, contrairement à ce qu'a pu écrire une certaine presse.
Enfin, revenons sur le dossier de la Radio Numérique Terrestre (RNT) qui semble au point mort aujourd'hui. Le projet verra-t-il le jour en France ?
Le CSA a demandé au gouvernement une réaction, le gouvernement a nommé David Kesseler qui a débuté son travail d'auditions. Les conclusions sont attendues pour la fin de l'année.
Les radios privées, dont RTL, avaient demandé un moratoire sur cette nouvelle technologie... Vous êtes toujours hostile au lancement de la RNT ?
Nous ne sommes pas favorables à un lancement de la RNT qui ne serait pas maîtrisé et sur des solutions qui ne nous semblent pas viables. Les difficultés que rencontre la radio numérique au Royaume-Uni, qui a été lancée il y a un certain nombre d'années, doivent nous inciter plus que jamais à entreprendre avec le CSA et les pouvoirs publics un travail de fond pour bien comprendre s'il y a des clefs de réussite ou des causes d'échec.
Interview
Christopher Baldelli, patron des radios RTL : "L'humour a parfaitement sa place dans une matinale"
Publié le 15 juillet 2010 à 11:33
Au surlendemain de la publication des dernières audiences radio, Christopher Baldelli fait le point sur les performances de ses antennes. L'occasion de revenir sur plusieurs dossiers d'actualités, comme France Télévisions, Radio France ou la RNT.
Christopher Baldelli© Abaca, press pour RTL
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