La presse en colère contre la Poste. Dans un communiqué publié aujourd'hui, l'Alliance de la presse d'information générale, représentant près de 300 journaux d'information, reproche à l'entreprise de ne plus assurer la livraison quotidienne de leurs exemplaires. Pour protéger ses salariés, La Poste a en effet annoncé dans un communiqué qu'elle ne procéderait plus qu'à une distribution des journaux trois jours par semaine, les mercredis, jeudis et vendredis. Effective à partir du lundi 30 mars, cette décision a naturellement ulcéré les titres de presse.
"Jamais le besoin de lien social et d'information sérieuse n'ont été aussi forts dans le pays. Jamais l'attente de lire son journal n'a été aussi grande. Fidèles à notre mission d'information, nous sommes mobilisés en adaptant nos organisations pour maintenir quotidiennement la production, l'impression et la distribution de nos journaux", s'émeut ainsi l'alliance de la presse, dénonçant le moment choisi par la Poste pour prendre une telle décision "sans préavis ni concertation". "Cette décision de la Poste affecte directement plus d'un million de foyers, et probablement trois ou quatre fois plus de lecteurs potentiels", souligne le communiqué des journaux et magazines.
Et l'Alliance d'ajouter : "Certes, chaque entreprise a aujourd'hui ses problèmes d'organisation et doit en responsabilité protéger ses salariés et prendre les mesures sanitaires adéquates. Néanmoins, il faut respecter ses clients et assurer la continuité du service public aux citoyens. Or, La Poste bafoue ses engagements contractuels tant vis-à-vis des éditeurs qu'envers l'Etat et les contribuables, qui lui versent une enveloppe de 100 millions d'euros par an pour assurer la distribution".
Face à la défaillance de la Poste, les journaux tentent de faire face comme ils le peuvent. Mercredi, "Le canard enchaîné" est ainsi revenu sur l'un de ses dogmes historiques en acceptant pour la première fois de publier son édition de la semaine sur le numérique. Dans un article publié aujourd'hui, "Le Figaro" annonce pour sa part que ses abonnés print recevront chaque mercredi leur quotidien du lundi et du mardi avec l'exemplaire du jour. Le titre du groupe Dassault conseille aussi à tous ses clients qui le peuvent de se rabattre sur une consultation du journal en numérique.
Déjà fragilisés depuis plusieurs années, le secteur de la presse subit de plein fouet la crise sanitaire actuelle et le confinement qui l'accompagne. Les ventes en kiosques sont ainsi en train de s'effondrer avec la fermeture de près de 3.000 points de ventes selon Presstalis, interrogé par nos confrères des "Echos" mercredi. Si elle dure, la situation pourrait même devenir critique pour un certain nombre d'entreprises de presse, particulièrement celles qui ont la base d'abonnés numériques la plus faible. Car si les audiences sur le web explosent en ces temps de confinement, leur rendement hors abonnement est fortement limité par la contraction actuelle du marché publicitaire.