Il ne s'était pas exprimé dans les médias français depuis le début de l'affaire qui porte son nom. Dieudonné a accordé une très longue interview au magazine d'Elisabeth Levy, "Causeur", afin de livrer sa vision des évènements qui l'ont concerné ces dernières semaines. Extraits.
"Je n'ai absolument aucun remords", assure d'emblée Dieudonné à propos de l'interdiction de son spectacle "Le Mur". L'humoriste explique vouloir dans cette affaire "jouer le jeu de la Justice jusqu'au bout et épuiser tous les recours possibles". "'Le Mur' est quand même le premier spectacle comique à être interdit : cela crée un grave précédent dans l'histoire de ce pays !" souligne-t-il.
Estimant n'être jamais allé trop loin, Dieudonné reconnaît seulement "faire des saillies plus piquantes que d'autres". "Heurter, choquer, c'est notre métier" fait-il savoir pour se défendre. Plus globalement, ce spectacle a selon le polémiste "mis le doigt sur des problématiques essentielles : les limites de la liberté d'expression et la question de la dignité. Un vrai débat".
Sur sa violente sortie contre Patrick Cohen, Dieudonné minimise la polémique, estimant n'avoir fait que répondre aux "insultes" et au "stéréotype raciste" du matinalier de France Inter. "Ce que je sais, c'est que le scandale est parti d'images volées et diffusées hors contexte par BFMTV et 'Complément d'enquête'. Lorsque je dis sur scène, à propos de Patrick Cohen : 'Quand je l'entends parler, je me dis : effectivement, les chambre à gaz... dommage...', je ne fais que répondre à ses insultes puisqu'il m'a traité de 'cerveau malade' !", explique-t-il.
Dieudonné s'excuse néanmoins auprès des personnes choquées par sa sortie. "Si certains ont été heurtés ou se sont sentis agressés par certains de mes propos, je m'en excuse le plus sincèrement du monde". Avant de minimiser une nouvelle fois : "Et même si c'est douloureux, il faut remettre tout cela dans son contexte : on parle de blague, pas de gens qui se tapent dessus !". Le polémiste nie également être antisémite. "Je ne me sens pas du tout antisémite. Je n'ai absolument aucune haine particulière vis-à-vis du peuple juif, mais aucune attirance non plus".
Interrogé sur la Shoah, Dieudonné affirme ne pas être "du tout spécialisé dans ces choses-là" tout en faisant part, dans le même temps, de ses doutes sur ce fait historique. "De toute façon, la loi Gayssot (prohibant la négation de la Shoah, NDLR) interdit tout débat. Que les juifs soient morts dans les chambres à gaz ou ailleurs, c'est atroce. En même temps, j'aime bien écouter Faurisson (un négationniste, NDLR). Mais je regrette que personne ne veuille l'affronter en débat et lui opposer des preuves".
Quant à la quenelle, le polémiste nie qu'il s'agisse d'un geste antisémite. "Je n'associe pas la quenelle aux juifs. Mais si certains ont envie de le faire, pourquoi pas ?" lâche-t-il à propos de ceux ayant effectué ce geste devant une synagogue ou le mémorial de la Shoah. De la même manière, il ne s'agit pas selon lui d'un "salut nazi inversé" mais d'"un geste potache qui n'a provoqué aucun acte de violence".
Dieudonné a enfin un mot pour son "ami d'enfance", Elie Semoun, pour lequel il dit avoir "toujours beaucoup d'affection". Il lui reproche cependant de se complaire "dans une certaine bourgeoisie du show business". "Or, faire rire exige de se mettre un peu en risque", explique-t-il.