Un renoncement difficile à digérer. Au lendemain de sa mise en retrait de l'émission politique "Élysée 2022", à la suite de la révélation de sa relation avec la conseillère en communication du Premier ministre, Thomas Sotto a commenté, ce lundi dans "Le Parisien", ce qu'il revendique être "sa décision".
"Je ne prends pas de recul avec France Télé, remarque-t-il d'emblée. En revanche, un événement personnel, que je ne souhaite pas développer car cela concerne ma vie privée, me pousse à prendre une décision simple et claire : le temps de la campagne présidentielle, j'ai choisi de me mettre en retrait d''Élysée 2022'." L'émission, dont un premier numéro avec Valérie Pécresse a été diffusé en septembre, doit recevoir Éric Zemmour ce mois-ci, si le polémiste venait à déclarer sa candidature.
La présence de Thomas Sotto sur France inter, où il n'envisageait pas de recevoir les candidats à la présidentielle, et au "20 Heures" de France 2 le week-end, lorsque Laurent Delahousse est en congés, n'est, en revanche, pas remise en question. "Delphine Ernotte (la patronne de France Télévisions), avec qui j'en ai évidemment discuté, m'a apporté son plein soutien", tient-il à préciser. Si le journaliste conservera également les commandes de "Télématin", qu'il coprésente avec Julia Vignali du lundi au jeudi sur France 2, il cessera les remplacements occasionnels de Caroline Roux dans "Les 4 vérités", l'interview politique de la matinale.
Une décision "inéluctable" ? "Je me dois de tenir compte de notre époque, devenue très violente et qui a tendance à tout hystériser. La suspicion est généralisée. Beaucoup de gens s'érigent en procureurs. Par principe, avant même d'avoir ouvert la bouche, j'aurais été considéré comme coupable, même en étant irréprochable professionnellement, justifie-t-il. Bien sûr que je le regrette ! C'est une décision difficile et, d'une certaine manière, assez injuste".
La mise à l'écart d'un journaliste pour des raisons personnelles n'est pas une première dans l'histoire de la télévision. Audrey Pulvar avait, en 2010, été contrainte de lâcher les commandes de son émission politique sur i-Télé, lorsqu'Arnaud Montebourg avait annoncé sa candidature à la primaire socialiste. Le même sort avait été réservé à Léa Salamé, au moment où Raphaël Glücksmann avait mené une liste aux élections européennes de 2019.
Impossible également de ne pas évoquer les suspensions de carrière d'Anne Sinclair, Christine Ockrent et Béatrice Schönberg. Celles qui étaient alors les compagnes respectives de Dominique Strauss-Kahn, Bernard Kouchner et Jean-Louis Borloo avaient été privées d'antenne lorsque leurs époux sont devenus ministres (1997 et 2007). "Ma seule consolation, c'est d'être le premier homme à s'effacer pour une femme, alors que jusqu'à présent c'était toujours elles qui étaient priées de rester à la maison", se réjouit d'ailleurs Thomas Sotto, qui oublie ici un peu vite Franck Ballanger. Le journaliste de Radio France spécialisé dans les sports, et mari à la ville de la ministre chargée des Sports, Roxana Maracineanu, avait en 2018 cessé de couvrir les sports pour cause de "conflits d'intérêts".