La tension monte à Europe 1. Hier soir, la Société des rédacteurs et l'intersyndicale (SNJ, CGT, CFTC et FO) d'Europe 1 a publié une tribune dans "Le Monde" dans laquelle elles dénoncent le fait que "jour après jour, la station semble s'arrimer un peu plus à l'antenne de CNews conformément au rêve de Vincent Bolloré". "En liant son sort à une chaîne qui s'illustre à longueur de journée par un activisme politique fortement ancré à droite, voire parfois à l'extrême droite, Europe 1 va perdre ce qui lui reste de plus précieux : son capital de crédibilité auprès des auditeurs", estiment les signataires de la tribune, alors que le milliardaire breton est désormais le premier actionnaire de Lagardère, maison-mère d'Europe 1, via Vivendi.
"Nous estimons qu'un tel positionnement tourne le dos à ce qu'a toujours été Europe 1 depuis sa création : une radio d'information et de divertissement indépendante, plaçant le pluralisme au coeur de sa ligne éditoriale. Nous refusons de devenir un média d'opinion", martèle les salariés de la station. Les représentants de salariés d'Europe 1 annoncent par ailleurs dans leur texte saisir le comité d'éthique de la station et demandent à "Arnaud Lagardère et à la direction de l'information de clarifier leurs positions".
La publication de cette tribune fait suite à la tenue hier d'une nouvelle assemblée générale chargée d'évoquer la mise à pied d'un journaliste par la direction de l'information. Cette décision a provoqué "l'indignation" de la rédaction, comme puremedias.com le révélait hier. A l'issue de cette réunion, les salariés ont demandé à l'unanimité la levée de la procédure de sanction disciplinaire engagée contre ce journaliste d'ici 13h aujourd'hui. Ils menacent de faire grève s'ils n'obtiennent pas satisfaction. Ce matin, c'est Bertrand Chameroy qui dans la matinale d'Europe 1 a subtilement défendu en direct la station face à l'arrivée de Vincent Bolloré.
Ces évènements surviennent alors qu'Europe 1 doit faire face à un nouveau chamboulement annoncé de sa grille sur fond de difficultés d'audience structurelles et d'une perte de plus de 20 millions d'euros en 2020. Pour faire des économies, la direction entend baisser son coût de grille et a l'intention de mener à bien un plan de départs volontaires devant supprimer une quarantaine de postes sur les près de 200 CDI que compte Europe 1.