Consternée... Telle est la réaction de la société des réalisateurs de film après l'annonce de l'éviction de Rodolphe Belmer. Vendredi, à l'issue d'une réunion du conseil de surveillance, le directeur général de Canal+ a été contraint à la démission par Vincent Bolloré, patron de Vivendi, maison mère de Canal+. En cause, des divergences de vues sur la grille des programmes de la chaîne cryptée, qu'il s'agisse des "Guignols" ou du "Grand Journal".
Ce départ n'a pas laissé insensible la société des réalisateurs de films (SRF), une association réunissant des cinéastes et se donnant notamment pour mission de "défendre les libertés artistiques, morales et les intérêts professionnels et économiques de la création cinématographique". Dans son communiqué, la SRF fait ainsi part de sa "consternation". Selon elle, Rodolphe Belmer a été à Canal+ le "garant de la diversité du cinéma français" et est "parvenu à renforcer la solidité du groupe sans sacrifier à la liberté de création".
Concernant le climat actuel à Canal+, l'association évoque des "symptômes extrêmement alarmants" et dit redouter "qu'aveuglée par les seules lois du profit et du commerce, l'équipe de Vincent Bolloré mette à mal ce qui a toujours été l'ADN de la chaîne et qui en a fait son succès : l'indépendance d'esprit, la liberté d'expression, le refus de se soumettre aux diktats des pouvoirs en place, la diversité du cinéma qu'elle soutient".
"Remettre en cause ces traits distinctifs, dans une période de concurrence plus effrénée et plus agressive que jamais, serait, à nos yeux, suicidaire en termes d'image, et donc de réussite économique à venir, et catastrophique pour la vie culturelle et politique de notre pays", s'alarme l'association. Cette dernière annonce en conclusion qu'elle fera "tout ce qui est en (son) pouvoir pour que l'esprit et l'exigence de la chaîne ne soient pas altérés par la toute puissance d'un seul".