

Habitué aux punchlines, Gautier Picquet n'y est pas allé par quatre chemins lors d'une table ronde de l'événement Médias en Seine, organisé par Radio France et Les Echos-Le Parisien.
À l'occasion de ce festival international des médias de demain, il était invité à partager son point de vue sur la responsabilité démocratique des annonceurs, alors que les marques sont de plus en plus sollicitées pour soutenir les médias traditionnels face aux plateformes numériques.
À LIRE AUSSI : "TV connectée, IA, fraude, réseaux sociaux : Quels seront les défis à relever pour le marché de la publicité en 2025 ?"

Le dirigeant de Publicis Média a commencé par utiliser une métaphore choc : "le cancer, ça ne se traite pas au Doliprane". Traduction : face aux risques qui pèsent actuellement sur la démocratie, tenter de réguler les réseaux sociaux et voter des lois ne suffiront pas.
"Sauver la démocratie, ce n'est pas quelque chose de tactique. [...] La question de fond, c'est quel est l'avenir que l'on prépare". Pour lui, le vrai problème est bien plus profond et pose la question de l'éducation et de la formation, notamment des plus jeunes, "pour protéger un écosystème et donner envie de lire et d'écouter de la bonne information".
Cette prise de conscience pourrait commencer par s'appliquer aux agences médias elles-mêmes, puisqu'il y constate, paradoxalement, "une inculture, très clairement, des médias."

À LIRE AUSSI : "Rachat d'IPG par Omnicom : Que va changer la fusion de ces deux géants de la pub ?"
"Ils ne lisent pas assez la presse, ils ne s'y intéressent pas. Ils passent leur temps à scroller sur certaines plateformes," a-t-il reconnu, en réponse à une question du journaliste des Echos David Barroux, à propos de la responsabilité des acheteurs médias. Mais il ne jette pas la pierre uniquement à ses collaborateurs, loin de là : "on est tous coupables et responsables".
Et d'enfoncer le clou : "tout le monde est responsable. On a laissé ce monde nous déborder. Aujourd'hui, les médias doivent mieux gérer leur transformation digitale. Les médias planeurs doivent comprendre qu'il y a un écosystème qu'ils ne maîtrisent pas du tout, qui est un écosystème complexe, culturel, qui protège cette démocratie. [...] Les annonceurs ont cette responsabilité, parce qu'ils sont tout simplement une partie énorme de l'économie française et que l'économie protège la démocratie."

D'où sa conclusion en forme d'avertissement : si on ne change pas les habitudes, "dans vingt ans, plus personne peut-être ne regardera la télé, plus personne ne lira la presse, plus personne n'écoutera la radio".
À LIRE AUSSI : "La fin de l’année est absolument dégueulasse" : Gautier Picquet (Publicis Media) alerte sur la crise du marché publicitaire français.