Les services d'Edouard Philippe se défendent. Hier soir, Matignon a réagi auprès de l'AFP au sujet de l'incident autour d'une interview aux "Echos" trop amendée de la ministre des Transports, Elisabeth Borne. Révélé par le site de "Marianne" lundi, le journal économique avait refusé de publier cet entretien, réalisé à la mi-mars, qui évoquait les réformes concernant la SNCF. "La volonté de contrôle sur cette ministre 'technique' peut être vexatoire. Une interview, pourtant prudente, de cette dernière a été tellement réécrite par les services du Premier ministre" que le journal a refusé de la publier le 13 mars, a expliqué "Marianne".
"Le principe des relectures des interviews est une convention qui ne date pas d'aujourd'hui et qui permet d'éviter d'éventuels contresens dans la retranscription des entretiens", a indiqué l'entourage du Premier ministre à l'AFP. Selon eux, la relecture et la correction des interviews "s'expliquent largement par la spécificité française de résumer les entretiens sous la forme de questions-réponses, alors que les médias anglo-saxons insèrent des citations sans les modifier dans le corps des articles". Matignon a ajouté : "Souvent, les ministres concernés eux-mêmes profitent de la relecture pour reformuler, simplifier ou enrichir. C'est ce qui s'est passé avec l'interview de la ministre des Transports."
Dans son article de lundi, l'hebdomadaire "Marianne" en a profité pour évoquer sa politique interne en la matière, assumant de faire relire les interviews aux politiques, tout en refusant "d'intégrer leurs éventuelles corrections dès lors que celles-ci semblent injustifiées et/ou trop nombreuses", a écrit le directeur de la rédaction, Renaud Dély. Par ailleurs, le quotidien régional "La Voix du Nord" a fait un choix plus radical en annonçant la fin de la relecture des entretiens par les hommes et les femmes politiques. "La relecture est devenue un exercice de réécriture pour la plupart", déplorait ainsi le rédacteur en chef, Patrick Jankielewicz. Depuis, Edouard Philippe a accordé une interview effectivement non relue au journal régional du Nord.