C'est une grande figure de la presse écrite qui nous quitte. Selon "L'Obs", le journaliste Jean Daniel s'est éteint hier soir à l'âge de 99 ans. Dans un article, le journal qu'il a fondé en 1964 - alors sous le nom du "Nouvel Observateur" - a confié son "immense tristesse d'apprendre la mort" de l'éditorialiste. "Il fut à la fois un témoin, un acteur et une conscience de ce monde", a écrit la rédaction. Et de poursuivre : "'L'Obs' tient à lui exprimer sa profonde admiration, sa sincère reconnaissance et son fidèle souvenir."
D'origine algérienne, Jean Daniel, né Bensaïd, a écrit son premier article en 1954 dans les colonnes de "L'Express", avec un reportage dédié à la guerre d'Algérie, en prenant parti pour des négociations avec le FLN. Selon "L'Obs", le journaliste a acquis une notoriété internationale en réalisant en 1963 un entretien du président américain John F. Kennedy. Celui-ci l'aurait chargé d'un message pour Fidel Castro. C'est lors de sa rencontre avec le leader de la révolution cubaine qu'il apprend l'assassinat du locataire de la Maison blanche, le 22 novembre 1963.
En 1964, Jean Daniel prend la décision avec l'industriel Claude Perdriel de reprendre la revue "France Observateur", qui est devenue "Le Nouvel Observateur". En créant ce nouveau journal, le tandem souhaite incarner "la deuxième gauche", rappelle "L'Obs", et de grands combats sociaux comme la légalisation de l'avortement, les droits des homosexuels et l'antiracisme.
Il reste alors directeur de la publication jusqu'en 2008 après avoir dialogué dans ses colonnes avec de nombreux intellectuels, tels que Jean-Paul Sartre, Claude Lévi-Strauss, Michel Foucault, Edgar Morin et Régis Debray. Par la suite, Jean Daniel continue à collaborer à "L'Obs" - son nouveau nom depuis 2014 - en tant qu'éditorialiste. D'ailleurs, malgré son départ de la direction de la publication, le journaliste n'a pas mis sa langue dans sa poche et s'est toujours permis de critiquer certaines décisions du magazine. Par exemple, en 2013, il avait ouvertement désavoué Laurent Joffrin, alors directeur de la rédaction, pour avoir mis en Une à plusieurs reprises l'affaire DSK. "Quand j'ai découvert la couverture de notre journal, la semaine dernière, j'ai eu un choc. Quoi ! DSK et ses turpitudes une fois encore à la une de notre hebdomadaire !", avait-il écrit dans un édito du "Nouvel Obs" en février 2013.