Nicolas Sarkozy, une alliance et un bear en mode YMCA, sous le coup de stylo du dessinateur Luis Granena. Voilà le choix fait par Libération ce matin pour illustrer sa Une sur le mariage gay que le Président serait prêt à inscrire dans son programme de campagne. "Les bears" (littéralement "ours") sont une communauté dans la communauté gay. Signes distinctifs extérieurs : souvent forts, poilus, cheveux courts et barbus. Une minorité dans la minorité. Et au même titre qu'une folle en talons aiguilles, ils font partie d'une des caricactures de l'homosexualité en France et partout dans le monde.
Ce choix d'illustration suscite de nombreuses réactions depuis hier soir sur les réseaux sociaux. "Pour info, tous les gays ne sont pas comme la caricature de Libé le montre ce matin" dit l'un. "Une fois de plus les gays sont assimilés à des clichés datés et stéréotypés" écrit un autre. Même Laurent Ruquier s'en est ému sur son compte twitter : "Il ne s'agit pas d'être drôle ou pas ! La Une ne me choque pas, c'est juste se tirer une balle dans le pied ! (...) C'est contre-productif".
Bruno Roger-Petit, chroniqueur pour "Le Plus" du Nouvel Observateur a un tout autre avis sur la question. Cette caricature reflèle "l'image qu'a Sarkozy du monde gay"selon lui. Nicolas Demorand, patron de Libération a réagi lui aussi sur twitter, assurant que cette caricature "n'a choqué personne il y a six mois, elle a même fait marrer. Six mois plus tard, plus personne n'a envie de rire." Libé avait en effet choisi pour la Gay Pride en 2011 les mêmes personnages dans une posture tout aussi provoc : Nicolas Sarkozy était cette fois dans les bras de ce personnage. "Vous délirez totalement" répond Demorand à ceux qui voient dans cette Une de l'homophobie.
Tous les gays ne s'insurgent pas pour autant contre le choix de Libération ce matin. "Pss, ils ne sont pas drôles ces gays, elle est amusante cette caricature" écrit Fabien. Fabrice lui répond : "Cela n'a rien de surprenant de la part de Libé, dirigé par des beaufs en survêtement". "Ils ne maîtrisent même pas le sujet à Libé, il ne s'agit pas du mariage gay mais de l'union civile" note enfin Nicolas.
> Lire notre interview de Gilles Wullus, rédacteur en chef de Têtu.