Laurent Delahousse trop en avance sur son temps ? Le 17 décembre 2017, dans le "20 Heures" de France 2, le président de la République avait accordé au titulaire de l'information du week-end un entretien de 40 minutes, enregistré à l'Elysée. Cet entretien n'était pas passé inaperçu puisqu'il avait consisté - au lieu du face à face habituel entre l'intervieweur et l'interviewé - en une longue déambulation entre les deux hommes dans les couloirs du château. La forme comme le fond de cette interview politique - jugée trop courtoise par certains observateurs - n'avaient pas manqué d'être critiqués.
Interrogé ce mercredi à ce sujet par nos confrères de "TV Mag", Laurent Delahousse assume et estime même qu'il a été précurseur en la matière. "Si on revoyait aujourd'hui cette interview, on serait peut-être surpris de sa pertinence", avance-t-il. Son seul regret porte sur l'horaire choisi par France 2 pour diffuser cette séquence. "J'ai le regret de l'avoir diffusée dans le '20 Heures' car elle avait vocation à l'être dans '19 heures, le dimanche'", confie-t-il en référence à son magazine d'actualités proposé la saison dernière. Et de conclure : "La leçon à retenir est que notre profession n'aime pas l'audace. Être indépendant aujourd'hui, c'est être une cible".
En décembre 2017, dans une longue tribune publiée dans "Le Figaro", Jean-Michel Carpentier, le rédacteur en chef de Laurent Delahousse, avait adopté la même ligne de défense, arguant : "Fallait-il l'audace, voire l'arrogance, d'oser briser le sacro-saint totem, celui d'un journalisme assis à la table de son hôte, à son étiage en quelque sorte ? Oser se lever, se mouvoir, échanger, tenter de comprendre plutôt que d'accabler, s'entretenir plutôt que de coincer, converser plutôt que d'agresser, se frôler, se toucher même", avait-il écrit notamment.
De leur côté, des humoristes tels que Matthieu Noël sur Europe 1 ou Charline Vanhoenacker sur France Inter s'en étaient donné à coeur joie pour moquer cet exercice d'un genre nouveau. A ce jour, il s'agit de la dernière interview accordée par Emmanuel Macron à France 2. Premier invité de la saison de #QHM, l'émission de puremedias.com, Yannick Letranchant, directeur de l'information de France Télévisions, avait réagi sur cette absence remarquée du chef de l'Etat sur la deuxième chaîne. "Le dialogue avec l'Elysée existe. Il est permanent. C'est France Télévisions qui a produit les voeux du 31 décembre. Il n'y a donc pas de fâcherie si c'est la question. Après, c'est le président de la République qui décide de là où il veut s'exprimer. On fait des propositions. On a des échanges. Notre heure viendra, je ne suis pas inquiet", avait commenté le responsable.