Interview
Laurent Ruquier débarque à 20h sur BFMTV : "L'objectif est de grapiller des téléspectateurs à toutes les chaînes"
Publié le 25 septembre 2023 à 10:24
Par Ludovic Galtier Lloret | Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
L'ancien animateur de France 2 rebondit, aux côtés de Julie Hammett, avec un nouvel exercice : la présentation d'une tranche info. Entretien.
Spot de rentrée de BFMTV avec Laurent Ruquier © © Yann Audic
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Laurent Ruquier, tête d'affiche de BFMTV. Dès ce lundi 25 septembre 2023, l'ancien visage de France Télévisions présentera chaque soir, aux côtés de Julie Hammett, "Le 20 Heures de Ruquier" dans un paysage ultra concurrentiel dominé par les "20 Heures" de TF1 et France 2 et les talks. Un exercice nouveau pour "l''électron libre" de 60 ans, chargé par Marc-Olivier Fogiel, le directeur général de BFMTV, d'apporter "son grain de sel" sur l'actualité et ceux qui la font sans bousculer pour autant les codes de la chaîne info. À quelques heures de sa première, Laurent Ruquier a accordé à puremedias.com un long entretien, au cours duquel il évoque aussi son départ de France Télévisions.

Propos recueillis par Ludovic Galtier Lloret

puremedias.com : Ce n'est plus arrivé depuis "L'émission pour tous" en 2014, vous êtes de retour en quotidienne à la télévision. Excité ?
Laurent Ruquier : Je suis particulièrement heureux et on a hâte que ça démarre parce qu'on débute plus tardivement par rapport à la rentrée audiovisuelle.

Vous prendrez l'antenne ce lundi 25 septembre 2023 à 20h. Pourquoi y a-t-il eu autant de mystère autour de la date de la première ?
Parce qu'en fait, tout s'est fait très tardivement. La décision a été prise début juillet. Beaucoup de gens étaient partis. Il fallait constituer une équipe de débatteurs, les rencontrer, et décider du contenu. À un moment donné, il était même question de démarrer plus tard encore mais on a réussi à être prêts pour le 25 septembre.

Vous avez affirmé cet été que vous feriez sur BFMTV ce que vous faisiez dans "On n'est pas couché". Marc-Olivier Fogiel, lui, a clairement indiqué que l'émission ne serait pas un talk-show. Pour clarifier les choses une fois pour toute, "Le 20 Heures de Ruquier", c'est quoi ?
Il n'a jamais été question que cette heure ressemble à "On n'est pas couché", d'abord parce qu'il n'y aura pas d'invités culturels dans l'émission. J'ai simplement expliqué que dans "On n'est pas couché", j'étais déjà dans l'exercice de l'information et de l'actualité.

"Le trombinoscope sera un moyen pour moi de mettre mon grain de sel" Laurent Ruquier

Quel est précisément le concept ?
Le concept est tout simple : l'émission débutera avec un sommaire puis ce sera une heure d'information centrée sur les deux à trois grands sujets du soir. Nous reviendrons dessus avec des magnétos, des dessins de presse, des débats avec trois ou quatre débatteurs réguliers chaque soir mais aussi un ou deux invités – des politiques quand cela le nécessitera – qui seront liés à cette actualité. Une rubrique sera un moyen pour moi de mettre mon grain de sel, de parler de sujets que l'on a moins tendance à aborder ou que les téléspectateurs n'auront pas vu.

C'est une façon d'éditorialiser cette tranche ?
Absolument. Il y aura chaque jour un trombinoscope qui me permettra de glisser six visages qui ont fait l'actualité du jour et sur lesquels je rebondirai. Ce sera ma signature ! J'expliquerai mes choix et les débatteurs autour de la table, qui auront les noms par avance, seront invités à faire de même.

Pour autant, dans la feuille de route précisée ici et là par Marc-Olivier Fogiel, il est indiqué que votre émission ne serait pas militante. Est-ce une façon de vous dire poliment qu'il faut parfois vous réfréner ?
Non, je ne fais pas d'émission militante. On me reproche tout et son contraire. Quand je lis les tweets de gens de gauche, ils m'en veulent parce que j'ai fait parler Éric Zemmour. Quand je lis ceux des gens de droite, ils m'en veulent parce que j'ai fait parler Aymeric Caron. On ne peut pas m'accuser d'avoir été monocorde. Ça ne date d'ailleurs pas de "On n'est pas couché", c'était déjà le cas sur France Inter (station sur laquelle il a animé "Rien à cirer" entre 1991 et 1996, ndlr). Quand on se réunit qu'entre gens qui pensent la même chose, on devient bête.

"Ce soir, il y aura trois débatteurs que l'on n'a jamais vu sur un plateau de chaîne info" Laurent Ruquier

Pouvez-vous révéler le nom de certains débatteurs ?
On s'est dit avec Marc-Olivier Fogiel que c'était mieux que les téléspectateurs les découvrent au fil des jours.

Néanmoins, s'agit-il de personnalités que BFMTV a l'habitude d'inviter ou sera-t-on surpris ?
Sur la dizaine de débatteurs que l'on a choisis, il y a deux noms qui sont déjà sur BFMTV. Ils ne seront pas là tous les soirs. Tous les autres seront des visages quasi-nouveaux pour certains et même nouveaux à 100% pour au moins quatre ou cinq d'entre eux. Je peux vous dire que ce soir, il y aura un visage de BFMTV et trois autres que l'on n'a jamais vu sur un plateau de chaîne info.

Quelle sera la répartition des rôles avec Julie Hammett ?
Elle est journaliste, moi pas. Julie resituera l'information. Quant à moi, je serai davantage l'électron libre. En cas de direct ou de "Breaking news", ce qui pourra être le cas, elle sera plus à même de gérer un plateau de chaîne info, ce que je ne sais pas encore faire.

"Je pense être l'un de ceux qui sait le mieux partager la vedette avec les autres" Laurent Ruquier

Ce duo n'a donc rien à voir avec celui que vous formiez avec Léa Salamé dans "On est en direct", que vous avez mal vécu ?
Ça n'a rien de comparable. J'ai lu les commentaires fielleux qu'il y a pu avoir à ce sujet (rires). On ne peut pas m'accuser de ne pas savoir partager l'antenne. Je l'ai fait pendant des années et je pense être l'un de ceux qui sait le mieux donner l'antenne aux autres et partager la vedette avec eux. On sait bien que ce qu'il s'est passé le samedi soir n'a rien à voir avec cela. J'ai présenté "On est en direct" pendant une saison tout seul et encore parce j'ai négocié – autrement Léa Salamé serait arrivée dès le mois de janvier 2021 – et l'exercice en duo a été décidé contre mon gré.

Avez-vous un objectif d'audience, notamment celui de revenir sur Pascal Praud qui présente "L'heure des pros 2" à la même heure chaque soir sur CNews ?
Je crois que l'objectif est de grapiller des téléspectateurs à toutes les chaînes. Vous parlez de Pascal Praud mais je pourrais vous citer les "20 Heures", Anne-Élisabeth Lemoine ("C à vous, la suite" sur France 5), "Quotidien". Je vais essayer de ne pas trop en prendre à Cyril Hanouna parce que mon compagnon (Hugo Manos, ndlr) participe à "Touche pas à mon poste !" sur C8. Autrement, il y aurait du grabuge le soir à la maison (rires).

"Marc-Olivier Fogiel m'a choisi pour mon côté plus indépendant et iconoclaste" Laurent Ruquier

En évoquant votre arrivée sur BFMTV, Marc-Olivier Fogiel a indiqué que vous alliez être amené à faire "un pas vers le journalisme". BFMTV sort d'une semaine de suivi quasiment minute par minute de la visite du roi du Royaume-Uni Charles III, à Paris puis à Bordeaux, partie de ping-pong entre la reine Camilla et Brigitte Macron incluse. Est-ce cela, selon vous, ce que devrait être le journalisme ?
Disons que cela a été une visite absolument unique. Je pense que si on avait été à l'antenne, on aurait évidemment jonglé avec les correspondants sur place, et cela m'aurait même amusé. Je n'ai aucun problème avec cela. Le suivi de l'événement a fait de très bonnes audiences sur BFMTV. Évidemment qu'après, on peut être contre, s'y opposer, il y aurait d'ailleurs eu du débat en plateau, il y en a eu sur la chaîne. Pour le coup, BFMTV a rempli son rôle.

Quitte à y consacrer des heures et des heures – "Arrêt sur images" a comptabilisé 12 heures d'antenne sur 24 – au détriment d'autres actualités ?
Chaque chaîne info a une envie, c'est de prolonger le temps passé par les téléspectateurs devant la chaîne. N'empêche que l'on sait bien que l'usage d'une chaîne info n'est pas de la regarder du matin au soir. C'est plutôt la regarder trente minutes, revenir trois heures plus tard... Donc c'est normal que les mêmes sujets reviennent régulièrement ou que des éléments soient répétés.

BFMTV ne s'est pas étendue, en revanche, sur la perquisition par la DGSI du domicile d'Ariane Lavrilleux, journaliste d'investigation placée 39 heures durant en garde à vue sans que cela n'émeuve le gouvernement. Elle a notamment révélé en 2021 que l'armée égyptienne aurait tué des civils à partir d'informations livrées en toute conscience par la France. Auriez-vous donné de l'écho à cet événement aussi rarissime qu'inquiétant selon les défenseurs de la liberté de la presse ?
C'était prévu effectivement. J'avais mis Ariane Lavrilleux dans mon trombinoscope. J'ai suivi cette affaire. Bien sûr, c'est le genre de choses que j'aborderai. Marc-Olivier Fogiel m'a choisi pour que j'aie ma signature, pour mon côté plus indépendant et plus iconoclaste.

"Je suis parti de France Télévisions en très bons termes avec Delphine Ernotte" Laurent Ruquier

Avec trois mois de recul, quel regard portez-vous sur votre départ de France Télévisions et les conditions dans lesquelles il s'est déroulé ? Vous avez déclaré à "Télé Loisirs" avoir été négligé depuis trois ans par la direction du groupe public, qui vous a annoncé seulement à la fin du mois de juin 2023 la non-reconduction des déclinaisons en prime des divertissements "Les grosses têtes" et "Les enfants de la télé".
C'est du passé, c'est déjà bien loin ! Certes, j'ai eu des mauvais rapports avec une personne à France Télévisions (le directeur des antennes et des programmes,Stéphane Sitbon-Gomez, ndlr) mais je suis parti en très bons termes avec Delphine Ernotte (présidente de France Télévisions, ndlr). Elle m'a souhaité bonne chance quand elle a su que j'allais sur BFMTV et m'a remercié pour la façon dont je partais qu'elle trouvais plutôt élégante. Être resté plus de vingt ans, c'est déjà un miracle. Mis à part Michel Drucker, on n'est pas si nombreux à avoir atteint cette longévité.

Un mot sur "Les grosses têtes" : l'émission ne sera donc plus diffusée sur France 2. Une autre chaîne gratuite, pourquoi pas une antenne du groupe Altice, pourrait-elle commander des numéros du programme à la télé ?
Je ne pense pas mais heureusement, l'émission "Les grosses têtes", filmée sur RTL, continuera d'être diffusée sur Paris Première. De toute façon, je n'aurais pas le temps d'en faire plus. Je suis quand même sur deux quotidiennes, radio et télé, je crois qu'à un moment, il faut savoir être raisonnable. "Les grosses têtes", c'est une marque qui peut être un jour où l'autre reviendra à la télé.

Votre contrat avec BFMTV démarre pour une saison ?
Je ne sais même pas encore combien de temps je serai sur BFMTV (rires). J'espère pour plusieurs saisons mais on n'en sait rien. Rien n'a encore été fixé entre Sophie Hazebroucq, qui est mon bras droit, et BFMTV.

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