Ca chauffe à la BNP. Non pas à la banque mais entre Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, le trio d'actionnaires du groupe Le Monde - que l'on surnomme habituellement par les initiales de leurs noms. La raison de leur mésentente : la succession d'Erik Izraelewicz, ancien directeur du journal du soir, décédé brutalement en novembre dernier. Les candidatures sont pourtant nombreuses mais le trio n'arrive pas à les départager.
Selon Libération, qui relate le secret des négociations dans le pinacle de son concurrent, 4 candidats ont été reçus par les BNP le 31 janvier dernier à la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent. Chacun a exposé son projet pendant une heure. Le nom de l'heureux élu devait être annoncé le lendemain de ces auditions mais la décision a été reportée. "Il y a blocage", rapporte un membre de la rédaction à Libération qui explique que "les actionnaires ne sont pas d'accord et campent sur leur position".Xavier Niel et Matthieu Pigasse auraient jeté leur dévolu sur Arnaud Leparmentier. Avant d'officier au service politique, cet éditorialiste de 45 ans a été correspondant du Monde en Allemagne et à Bruxelles. Mais ses opinions "trop libérales" pourraient avoir du mal à s'imposer au sein de la rédaction qui devra approuver (à une majorité de 60%) le nom de son patron lors d'un scrutin qui aura lieu une fois le choix des actionnaires fait. Pierre Bergé, lui, privilégierait Franck Nouchi, médecin de formation, qui a occupé plusieurs fonctions de direction au sein du journal.
Dans l'impasse, le trio pourrait s'accorder sur le nom d'un outsider. Natalie Nougayrède, journaliste spécialisée dans la diplomatie, aurait impressionné le trio qui lui a même fait passer une seconde audition. Puis une troisième fois ce matin selon l'AFP. Cette ex-correspondante du Monde à Moscou, lauréate du prix Albert-Londres en 2005 a pour défaut est d'être peu connue de la rédaction. Le dernier candidat est le journaliste économique Alain Faujas.
S'il n'y a pas d'accord sur l'un de ces 4 noms, Niel, Pigasse et Bergé pourraient être amenés à envisager une candidature extérieure... ou à créer un tandem. Il est entendu que les fonctions de "directeur du journal" et de "directeur de la rédaction" seront désormais séparées car le cumul de deux postes avait mis beaucoup de "pression" sur les épaules d'Erik Izraelewicz. Vincent Giret, actuel directeur délégué de la rédaction de Libé, a été approché par plusieurs candidats pour ce poste de second qui semble donc lui être promis.