Hier soir, on apprenait la disparition brutale d'Erik Izraelewicz, le directeur de la rédaction du Monde. A la suite de cette annonce, le site internet de l'hebdomadaire Télérama, qui appartient au même groupe que le quotidien du soir, publie à 22 heures une nécrologie du journaliste. Intitulé "Erik Izraelewicz, le directeur de la rédaction du Monde, est mort", l'article est signé par Emmanuelle Anizon, la chef du service médias du magazine. Ce matin des passages de l'article avaient mystérieusement disparu...
Comme l'indiquent les données horaires présentes sous le titre, des modifications ont été apportées à la nécrologie à 10h19. Une heure après, dans les commentaires, une internaute la "censure" d'un passage pendant la nuit. Celle-ci copie la phrase disparue : "Effacé, Erik Izraelewicz a cependant eu du mal, pendant ces presque deux ans, à s'imposer face à une rédaction qui lui reconnaissait ses qualités de journaliste, mais lui reprochait son manque d'autorité". La phrase, un peu critique, n'est pas la seule à être absente de la version désormais en ligne de l'article : le nom de la journaliste aussi a été retiré ! Preuve que des discussions ont eu lieu au sein de la rédaction...
Une phrase plus consensuelle remplace le passage incriminé : "Au Monde, parallèlement au travail engagé par le tout nouveau PDG Louis Dreyfus pour assainir les comptes du quotidien, le directeur de la rédaction a su pacifier une rédaction meurtrie par ses combats internes, et renforcer considérablement la partie 'économie' du journal. Son absence laisse une rédaction en état de choc." Des propos plus en phase avecle vibrant hommage au journaliste rendu ce matin par les propriétaires du journal.
La direction du magazine, qui n'était pas joignable cet après-midi (pas plus que la journaliste auteure de l'article initial), n'a pas pu cacher bien longtemps son coup d'effaceur. Dans un commentaire laissé sous l'article, elle assume carrément sa censure : "La direction de Télérama a en effet décidé de couper une partie de l'article, considérant qu'il n'était pas opportun d'établir ainsi à chaud un bilan de la direction éditoriale d'Erik Izraelewicz". Une preuve supplémentaire que sur internet, toute modification laisse des traces. Et qu'il est difficile de censurer des articles sans être repéré par les internautes.