La saisie des biens de Bernard Tapie par la justice dans le cadre de l'affaire d'arbitrage Adidas/Crédit Lyonnais pourrait bien faire plus d'un malheureux. Les journaux régionaux (Var Matin, Nice Matin...) rachetés récemment par l'homme d'affaires pourraient ainsi être les victimes collatérales de cette procédure.
Enquêtant sur l'arbitrage litigieux ayant accordé en juillet 2008 la somme de 405 millions d'euros à Bernard Tapie, la justice a en effet ordonné hier, comme l'a révélé Le Monde, la saisie des biens de l'homme d'affaire pour éviter que ces derniers ne soient vendus ou disséminés à l'étranger avant la fin de l'instruction. Si cette saisie a naturellement mis en colère le principal intéressé qui a parlé hier sur i-Télé et Europe 1 , de "mort avant la mort", elle inquiète également certains titres de presse régionaux du groupe Hersant Média (Nice Matin et La Provence notamment), rachetés par l'homme d'affaires en décembre 2012.
Les employés de ces quotidiens, notamment ceux de Nice Matin, redoutent ainsi que la justice veuille aussi saisir, outre les biens personnels de Bernard Tapie, les parts détenues par l'homme d'affaires dans le groupe Hersant. Une telle saisie entraînerait selon les syndicats "un immobilisme financier" très dangereux pour les titres de presse.
Dans un communiqué commun, les syndicats SNJ, CGC et CGT de Nice Matin ont ainsi supplié les juges : "Saisissez tous les biens personnels que vous voudrez (...) Mais, par pitié, n'hypothéquez pas l'avenir de ces (...) entreprises en prenant des mesures conservatoires qui n'ont qu'un intérêt médiatique". Et l'intersyndicale d'ajouter : "Saisir les parts de Bernard Tapie dans GHM (Groupe Hersant Média, ndlr) c'est condamner l'ensemble de ce groupe de presse à un immobilisme financier qui va conduire nos titres, en pleine mutation, tout droit à la liquidation judiciaire". "Laissez au moins l'opportunité à nos actionnaires de nous vendre !" ont réclamé les syndicats.
Il faut dire que les dernières déclarations de Bernard Tapie sur i-Télé, Europe 1 et TF1 hier, n'ont pas été très rassurantes. L'ancien ministre de la ville a ainsi déclaré à propos du groupe Hersant Medias sur i-Télé et Europe 1 : "Chaque fois que la boîte avait besoin de trésorerie, j'ai fait mon devoir en payant". Evoquant ensuite l'impact des saisies déjà effectuées par les juges sur l'avenir du groupe de presse, il a ajouté : "Je voulais faire des investissements, je ne vais plus pouvoir les faire."
L'homme d'affaire s'est même fait plus menaçant quelques instants plus tard sur TF1. Il a ainsi expliqué qu'en cas de problème momentané de trésorerie au sein du groupe Hersant, il ne pourra désormais plus se porter garant des salaires des 2.600 employés puisque ses principaux comptes bancaires ont été saisis par la justice. Et Bernard Tapie de prévenir : "Si je ne peux pas le faire, il y a 3.000 personnes qui sont au chômage."