Mardi, la rédaction des "Échos" est tombée des nues. En lisant un article de "La lettre A", les journalistes ont découvert que Nicolas Barré, le directeur de la rédaction depuis 2013, était sur le départ. Une information restée plusieurs heures sans confirmation, laissant une partie des salariés sous le choc, comme le relate un article du "Monde".
La nouvelle est d'autant plus gênante que le média professionnel laisse sous-entendre que ce départ aurait des airs de limogeages. Bernard Arnault, le patron de LVMH, premier actionnaire du titre, serait lui-même à la manoeuvre. Une hypothèse de l'ingérence de l'actionnaire formellement réfutée par Pierre Louette, le directeur général du groupe Les Echos-Le Parisien, devant les salariés. Celui-ci a d'ailleurs expliqué que tout n'était pas encore finalisé, et qu'il "gérait avec Nicolas depuis deux ou trois semaines la perspective de son remplacement".
Ce mercredi 22 février, un communiqué de presse a confirmé l'annonce de ce mouvement. Il précise que Nicolas Barré sera appelé à "occuper de nouvelles fonctions". Un communiqué accompagné d'une citation de Bernard Arnault qui se dit "très heureux" que Nicolas Barré reste au sein du journal.
Les démentis n'auront pas suffit à rassurer la Société des journalistes (SDJ) du quotidien. Elle s'est fendue hier d'un communiqué de presse. "La SDJ tient à exprimer sa surprise face à ces annonces. Elle ne peut s'empêcher de s'interroger sur le lien entre ce départ et la publication ces dernières semaines de plusieurs articles qui auraient déplu à l'actionnaire. Dans ce contexte, la SDJ s'inquiète de l'existence de menaces sur l'indépendance du journal", dénonce le groupe. Les journalistes rappellent par ailleurs qu'au moment du rachat de leur titre par LVMH en 2007, la SDJ avait "âprement négocié" des garanties d'indépendance vis-à-vis de cet actionnaire.
Mais quel article a pu placer Nicolas Barré sur un siège éjectable ? Selon "Le Monde" : "un texte publié sur le site web du journal concernant des perquisitions fiscales dans le groupe de luxe". Mais aussi une critique du livre "Histoire d'un ogre" (Gallimard) consacré à Vincent Bolloré,signé par Erik Orsenna. Encore une fois, tout a été démenti. Pourtant, "La lettre A" affirme que celui qui prendra les rennes du quotidien - au moins par intermittence -, François Vidal, est considéré comme "moins indépendant".