Ce sont les deux intervieweurs les plus écoutés de France chaque matin. Toute la journée, Patrick Cohen et Léa Salamé de France Inter sont les invités spéciaux de puremedias.com. Dans cette troisième partie, ils parlent de leur avenir à la télévision, dans "C à vous" sur France 5 et "On n'est pas couché" sur France 2.
Propos recueillis par Julien Bellver et Benoît Daragon.
puremedias.com : En télévision, vous êtes tous les deux chroniqueurs. A quand votre propre émission ?
PC : Je reste très investi à la radio, je ne crois pas qu'on puisse porter deux émissions quotidiennes, ce n'est pas possible. Sur d'autres rythmes et formats, pourquoi pas.
Léa, France 2 vous a proposé d'avoir votre propre talk de débats la saison prochaine, vous allez accepter ?
Je ne sais pas, vous avez des informations ? (oui, ici). Je n'ai pas beaucoup de temps, honnêtement. C'est vrai que j'ai des discussions avec le patron de France 2, Thierry Thuillier. Mais pas pour une case en particulier et je vous rappelle qu'il y a un changement de présidence, je ne sais pas ce qu'ils ont en tête. Je suis très bien où je suis. J'ai 35 ans, j'ai déjà eu beaucoup de chance, je ne veux pas brûler les étapes.
Léa, RTL vous a draguée la saison passée. Encore cette année. C'est du harcèlement !
RTL est une très belle maison, j'y ai des amis. J'ai eu des discussions informelles avec certains de ses dirigeants mais honnêtement, je suis très bien ici, dans cette matinale, avec Patrick. Je suis une fidèle et là aussi, je ne veux pas brûler les étapes.
Patrick, vous allez achever votre quatrième saison dans "C à vous" sur France 5 avec Anne-Sophie Lapix. Vous rempilez ?
Je ne sais pas mais je l'espère, oui.
Patrick, les courbes d'audiences de "C à vous" et du "Grand Journal" se rapprochent, 100.000 téléspectateurs d'écart lundi. Comment l'expliquez-vous ?
LS : C'est le magnifique ! (Rires)
PC : Je crois qu'on a une super équipe qui s'entend bien, c'est comme ici à la matinale. C'est une équipe plus journaliste que les saisons passées. Anne-Sophie, Anne-Elisabeth, Pierre, Maxime, on est tous des journalistes. Et puis, on a un dosage plus ajusté sur l'actualité qu'avant. Honnêtement, je ne regarde pas "Le Grand Journal", je ne sais pas pourquoi ça marche moins bien cette saison.
Léa, votre arrivée dans "On n'est pas couché" a été bien accueillie par le public. Les chroniqueurs de cette émission n'en sortent pas indemnes. Vous veillez à ne pas vous "caroniser" pour ne pas vous carboniser ?
LS : C'est une formidable émission, le seul endroit à la télévision française où il se passe des choses. On ne retient que les clashs, je le sais. Existe-t-il aujourd'hui à la télévision un autre endroit d'une telle densité, avec du fond, du rire, de l'humeur ? Effectivement, on peut déraper, on peut tomber, il faut peser chaque mot. Au bout de huit mois, je reste journaliste et je ne suis pas devenue polémiste. Je n'ai pas de cause à défendre, je suis juste là pour poser des questions, c'est nouveau dans l'émission. J'avais très peur de faire fuir le public mais c'est la meilleure saison en audiences.
Patrick, un conseil à Léa pour qu'elle n'use pas la marque "Salamé" trop vite chez Laurent Ruquier ?
PC : C'est très difficile comme exercice...
LS : Il s'inquiète pour moi.
PC : Oui, je m'inquiète un peu. Elle s'expose beaucoup, peut se brûler les ailes. Dans cet exercice, on est sommé d'avoir un avis sur tout. J'aurais beaucoup de mal à faire son travail, je n'ai pas d'avis sur tout, elle non plus ! C'est ce qui est formidable avec Léa. Elle est jeune, elle a du succès, on avait tout pour ne pas s'entendre (Rires). Elle aurait pu arriver avec un énorme melon, ne rien écouter. Mais c'est quelqu'un qui écoute, doute, cherche des conseils et des avis, c'est très agréable. J'ai connu des journalistes plus jeunes qu'elle bardés de certitudes. Caron correspond lui au schéma de "On n'est pas couché", il a des certitudes sur tout, mais on voit bien les limites de l'exercice !
LS : J'envie les certitudes des gens qui m'ont précédée, ils ont une grille de lecture, je n'en ai pas.
PC : On peut avoir des convictions intellectuelles ou politiques. Mais les jugements sur les romans ou les albums musicaux, c'est très subjectif.
LS : Ma grande inquiétude était celle-ci, quelle est ma légitimité pour juger un spectacle ou un album ? Je me suis rassurée en estimant que je n'étais pas critique et que d'autres le faisaient mieux. J'ai trouvé le filon, je donne seulement mon ressenti.
PC : Toujours dire : "Je l'ai écouté attentivement..."
LS : Il se moque de moi !
PC : Tu te souviens, je t'ai déjà expliqué qu'il ne fallait pas que tu dises "J'ai écouté votre album en épluchant des asperges !" (Rires).
Yann Moix, il rentre dans quelle case, celle du polémiste plein de certitudes ?
LS : Yann Moix n'est pas du tout un journaliste. Il a une vraie légitimité sur la partie culturelle, il a fait des films, il a écrit des livres. Ruquier est bon parce qu'il surprend, il ne choisit jamais celui ou celle que l'on attend. Je trouve que c'est un bon choix, je ne le connais pas et je suis curieuse de savoir ce qu'il va donner dans la partie politique.
Laurent Ruquier qui se désolidarise de son chroniqueur face à Caroline Fourest, cela ne vous a pas surpris ?
PC : J'ai vu toute la séquence, je comprends parfaitement son attitude. Il a présenté non pas un livre polémique ou sujet à débat. Dans l'esprit de Ruquier, c'était un livre pédagogique sur lequel le plus grand nombre pouvait être d'accord. Si Ruquier l'avait présenté comme un livre polémique, ça aurait été différent, Caron aurait eu plus de légitimité à le critiquer. Plusieurs fois dans l'émission, Ruquier recommande ce livre. En tant que téléspectateur, j'ai senti Ruquier sincèrement choqué par l'attitude de Caron.
LS : Ruquier a été un très bon arbitre, il a laissé Caron dire tout ce qu'il voulait. A la fin, il fallait s'arrêter, ça devenait un dialogue de sourds. Et Aymeric Caron ne s'est pas senti frustré à la sortie de l'émission.