Une affaire rocambolesque. Hier soir, Jeff Bezos, PDG d'Amazon a publié sur la plateforme en ligne "Medium" des documents évoquant les photos coquines qu'il a envoyées à son amante. Le propriétaire du "Washington Post" explique dans son texte qu'il souhaite mettre fin à une histoire de "chantage" venant d'un tabloïd, le "National Enquirer". Le journal l'aurait menacé de publier les "dick pics" (photographies de pénis) qu'il a envoyées à son amie. "Bien sûr que je ne souhaite pas voir ces photos personnelles publiées, mais je ne participerai pas à ces pratiques, connues, de chantage, de faveurs, d'attaques politiques et de corruption", précise le dirigeant de la plateforme de commerce.
Au début du mois de janvier, le "National Enquirer" avait publié 11 pages sur la relation extraconjugale quelques jours après l'annonce de son divorce. Le tabloïd appartient au groupe American Media Inc, dirigé par David Pecker, un proche de Donald Trump. A la suite de la publication des 11 pages sur sa relation extraconjugale, ainsi que des SMS intimes entre son amante Lauren Sanchez, une ex-animatrice de télévision, et lui, le PDG d'Amazon a décidé de contre-attaquer en recrutant des détectives privés afin d'"apprendre comment ces textos ont été obtenus et de déterminer les motifs des nombreuses actions inhabituelles prises par 'Enquirer'", précise-t-il dans son texte. Selon lui, "la couverture de l'actualité par le 'Washington Post' rend inévitable le fait que certaines personnes puissantes concluent à tort qu'(il) est leur ennemi".
Ainsi, l'homme d'affaires pense que les relations conflictuelles entre le président des Etats-Unis et son journal pourraient être liées à ces révélations sur sa vie intime. "Le président Trump est l'une de ces personnes, comme ses tweets le montrent clairement. La couverture essentielle et implacable du 'Washington Post' concernant le meurtre d'un de ses chroniqueurs est sans aucun doute impopulaire dans certains cercles", poursuit-il, en faisant référence au meurtre de Jamal Khashoggi début octobre en Turquie.
Le groupe American Media Inc aurait été la cible "d'enquêtes pour plusieurs de ses actions réalisées au nom du gouvernement saoudien", selon Jeff Bezos. D'après des informations du "New York Times", AMI aurait négocié avec le pouvoir saoudien afin d'obtenir une aide financière dans le but de racheter le "Time Magazine". Des allégations qu'AMI a démenties. Un mois avant la visite du prince Mohammed ben Salman à Washington en mars 2018, le "Wahsington Post" révèle que le groupe de David Pecker aurait produit 200.000 éditions d'un de ses magazines vantant les mérites du nouveau régime sur une centaine de pages. "C'est cet angle saoudien qui a particulièrement fait mouche", confie Jeff Bezos. Selon lui, c'est à ce moment que le groupe AMI a décidé de s'attaquer à Jeff Bezos.
Au début du mois de février, le groupe AMI a annoncé au patron d'Amazon posséder plusieurs photos coquines et exige l'arrêt de son enquête sur ses liens avec l'Arabie saoudite. De plus, David Pecker demande une déclaration publique de Jeff Bezos, dans laquelle il indique qu'il n'avait pas de "connaissances suggérant que la couverture d'AMI était politiquement motivée ou influencée par des forces politiques". C'est pour cette raison que l'homme d'affaires a "décidé de publier exactement" les mails envoyés par AMI à ses avocats, ainsi que la description précise des photos compromettantes.