Il faisait partie des favoris depuis le tout premier prime de "Top Chef 2014". Hier soir, Pierre Augé, déjà finaliste en 2010 lors de la première saison du concours culinaire de M6, s'est largement imposé face à Thibault Sombardier. Le chef, propriétaire d'un restaurant à Béziers, a récolté près de 63% des votes des invités mais aussi des chefs, qui ont applaudi tout au long de la saison sa cuisine et ses progrès.
Pour puremedias.com, Pierre Augé revient aujourd'hui sur cette deuxième participation à "Top Chef", son état d'esprit, la finale tendue mais aussi les critiques envers l'émission, le retour polémique des anciens face aux nouveaux ou encore l'appel qu'il a reçu ce matin de Robert Mesnard, maire Front National de Béziers.
Propos recueillis par Charles Decant.
Revenons sur la finale d'hier soir. Ca a été un peu difficile pour vous, on vous a vu perdre votre sang froid vers la fin, c'était presque une première ! C'était vraiment compliqué ?
Je ne pense pas que ce soit une question de perdre son sang froid, au contraire. C'est comme tous les jours dans un restaurant, quand le coup de bourre est là, tu es obligé d'accélérer et de donner un peu de toi différemment, pourte faire entendre.
Et ces huit heures se sont bien passées ?
Oui, ça s'est bien passé. Après, quand on cuisine pendant huit heures, tout est répétitif, tout est long... On perd un petit peu pied, on s'endort, c'est difficile ! C'est un autre type de pression.
Sur l'ensemble de la saison, vous tirez quel bilan de l'aventure ?
Déjà beaucoup de fierté, ça m'a permis d'actualiser un peu ma cuisine, faire des assiettes de plus en plus belles. Chez moi, depuis le début, j'ai la tête dans le guidon avec mon resto, et prendre un peu de recul vis-à-vis de ça, c'était important.
Quand vous avez attaqué cette saison, vous étiez dans un état d'esprit différent de la première ?
Je suis parti de zéro, comme si je ne l'avais jamais fait, même si je ne l'avais jamais fait.
Vous vous êtes posé la question du retour des anciens dans "Top Chef" quand on vous l'a proposé ? De savoir si c'était une bonne idée ?
Je ne me suis pas posé cette question-là, je me suis demandé si je pouvais refaire "Top Chef" cette année par rapport à mon restaurant, à mon équipe. Est-ce qu'elle allait être à la hauteur pour assurer sans que je sois là. Chose faite, parce qu'ils ont été très bons. J'avais toujours dit que je voulais refaire le concours, parce qu'il est magnifique. Je suis content d'avoir pu le refaire.
Dans une interview, Julien Lapraille a regretté le retour des anciens, qu'il trouve injuste puisque vous connaissiez le fonctionnement du concours, contrairement aux nouveaux...
On me l'a dit ce matin, je n'étais pas au courant. Je ne pense pas, parce que moi, à part la guerre des restos, je n'ai fait aucune épreuve en commun avec la saison 1. Et puis au bout de cinq ans, je pense que les gens voient ce que c'est et comprennent comment fonctionne le jeu. Je ne sais pas si ça a changé grand-chose. Je pense que ce qui est important, ce n'est pas que tu saches ou que tu ne saches pas, c'est que tu te concentres, que tu sois cohérent dans ce que tu fais, et que tu donnes le meilleur de toi.
Vous avez tourné la finale en décembre, et la révélation il y a dix jours. Pas trop dur d'attendre si longtemps ?
Non, non ! J'étais très fier d'arriver jusque-là, déjà. Après, c'est comme tous les jours, il faut travailler, j'ai un restaurant à tenir... Ca ne m'a rien changé. Je n'y pensais pas du tout !
Vous savez déjà ce que vous allez faire du gain, des 62.500 euros que vous avez empochés ?
(Rires) Je ne savais même pas combien j'avais gagné ! Je ne ferai rien de spécial. J'ai des crédits à payer, j'ai un restaurant... Je ne sais pas encore, je vais les placer ! On verra...
Vous saviez dès le début que vous ne toucheriez pas 100.000 euros mais seulement un pourcentage en fonction des votes de la finale ? Ou vous l'avez découvert comme nous en cours de saison ?
Non, on le savait dès le début, c'était écrit sur le contrat.
A part votre victoire, quel a été pour vous le plus beau moment de la compétition ?
Pour moi c'était vraiment le concours en lui-même. Toutes les épreuves sont belles, le concours est magnifique. Le plus beau, c'est déjà d'y revenir ! Il y a plein de gens qui auraient aimé être à ma place. Les anciens, on revient, donc il faut être à la hauteur pour une simple et bonne raison, c'est qu'il y a des gens qui auraient voulu être à notre place.
Et le moins bon moment de la compétition ?
Quand j'ai failli sortir vers le début, quand j'ai failli sortir sur une dernière chance avec mon pigeon et mes petits pois à l'ail. Après, il faut passer à autre chose, mais c'était chaud.
L'émission a vu ses audiences chuter nettement cette année. Vous comprenez pourquoi ?
Je ne sais pas du tout. (Rires) En plus, ça ne me regarde pas. Je fais à manger, je suis cuisinier moi !
En même temps, vous avez vous-même critiqué l'émission, expliquant en interview que l'émission se concentrait trop sur la télé-réalité...
Comme je dis, les conneries, tout le monde en dit, moi le premier. Ce que je voulais dire, c'est que la première année, on est arrivé comme des enfants. Aujourd'hui, la télévision a pris des parts énormes par rapport à ça. Moi, je fais ce concours parce que j'aime cuisiner. L'audimat, ce n'est pas mon problème, mais il faut en faire, parce qu'il y a des gens derrière dont c'est le boulot. En plus, je ne savais même pas et ça ne me regarde pas. Le plus important, c'est de faire passer un message à propos de notre métier, c'est le travail et la cuisine. Le reste...
Vous avez changé d'avis ? Vous ne trouvez plus que l'émission se concentre trop sur la télé-réalité ?
Ce n'est pas que j'ai changé d'avis... Il y a des choses qu'on peut dire et qui sont sorties de leur contexte ou mal comprises. Je n'ai pas ce ressenti plus que ça en fait... Ce qui m'importe le plus, c'est que ce que j'ai vécu a été retranscrit fidèlement à la télé. Pareil pour tout le monde.
Vous avez vu que les épreuves de la dernière chance avaient été coupées ? C'est un peu frustrant, non ?
Oui et non... Encore une fois, ce n'est pas mon truc, je ne suis pas le producteur ni le réalisateur ! Ce n'est pas moi qui décide de ça ! Il y a tellement de choses à voir et à montrer qu'il faut faire un choix. Moi, ça ne m'a pas choqué.
Vous avez regardé ce qui se passait à votre sujet et au sujet de l'émission sur les réseaux sociaux ?
Non, je ne regarde pas mais on m'en parle. Ma femme s'en occupe !
C'est un peu votre conseillère en communication ?
(Rires) Exactement, c'est ça !
Et elle ne vous a pas rapporté de propos trop durs ? Globalement, vous aviez une bonne image en saison 1 et vous l'avez toujours cette année...
J'ai une belle image aujourd'hui, j'en suis très content et très fier ! Après, il faut la garder. Et il y a toujours des gens qui ne t'aiment pas, c'est normal. Et je ne vais pas changer, je suis content d'être comme ça, content de plaire à plein de personnes.
Le maire Front national de Béziers, Robert Ménard, vous a appelé pour vous féliciter ?
Je l'ai eu ce matin au téléphone !
Il est déjà venu dans votre restaurant ?
Pas encore. Il y a beaucoup de choses à faire !
Patrick Bruel a dit la semaine dernière qu'il ne voulait plus aller chanter dans les villes dirigées par un maire FN. Ce n'est pas une question que vous vous posez ?
(Rires) Je ne savais pas ! Franchement, peu importe la politique, je m'en fous complètement. Peu importe le maire et l'étiquette qu'il a. Ce qui est important, c'est qu'il apporte des choses cohérentes à notre ville. Franchement, je ne sais pas, je m'en fous de la politique. Il faut juste que des gens travaillent pour valoriser votre région et votre ville. Le reste, franchement...