Macabre décompte. Reporters sans frontières (RSF) a dévoilé, ce vendredi, les chiffres des journalistes décédés ces vingt dernières années à travers le monde. 1.668 journalistes, soit une moyenne de 80 par an, ont été tués lors de ces deux dernières décennies (2003-2022) "particulièrement meurtrières pour celles et ceux qui sont au service du droit d'informer", observe l'ONG fondée en 1985.
Rien qu'en 2022, année marquée par le conflit en Ukraine et le décès du journaliste de BFMTV, Frédéric Leclerc-Imhoff, 58 journalistes sont morts, dont huit en Ukraine. C'est le bilan le plus lourd depuis 2018 : 88 journalistes ont péri dans l'exercice de leurs fonctions cette année-là. L'Ukraine occupe la deuxième place des pays européens les plus dangereux en Europe, derrière la Russie. "La France figure au quatrième rang des pays européens du fait de la tuerie de Charlie Hebdo à Paris en 2015", ajoute RSF.
En mai 2022, la mort de Shireen Abu Akleh, une des journalistes les plus connues de la chaîne Al-Jazeera - alors qu'elle couvrait des affrontements dans le secteur de Jénine, en Cisjordanie, entre l'armée israélienne et des Palestiniens - avait marqué les esprits.
Les années les plus "noires" remontent à 2012 et 2013, "avec respectivement 144 et 142 homicides de journalistes, notamment du fait du conflit en Syrie", explique l'ONG. Avec 578 tués en 20 ans, "l'Irak et la Syrie, rassemblent, à eux seuls, plus d'un tiers des reporters tués, devant l'Afghanistan, le Yémen et la Palestine". "Sur 686 homicides perpétrés depuis 2014, 335 ont eu lieu en zone de combats (Syrie, Afghanistan, Yémen, etc.), avec des années particulièrement meurtrières : 94 tués en 2012, 92 en 2013, 64 en 2014, 52 en 2015 et 53 en 2016".
Les journalistes travaillant en zones de paix ne sont pas épargnés non plus. "Ainsi, en deux décennies, il y a plus de journalistes tués en 'zones de paix' qu'en 'zones de guerre', majoritairement du fait de leurs enquêtes sur le crime organisé et la corruption", analyse RSF. Le Mexique concentre à lui seul 7% des meurtres commis en 20 ans contre les professionnels des médias.