Une soirée au coeur du réacteur. Hier soir, TF1 a exceptionnellement ouvert les portes des coulisses de sa soirée électorale à puremedias.com. L'occasion de vivre, de l'intérieur et au plus proche des équipes, les derniers préparatifs d'un événement au lourd enjeu pour la première chaîne.
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17h30. Atmosphère studieuse et tension palpable au sein de la rédaction de LCI, imbriquée au sein de l'aile sud de l'immense complexe qui abrite les locaux du groupe TF1 à Boulogne-Billancourt. Tandis que Thierry Thuillier, le patron de la rédaction, garde les pieds vissés en régie, Audrey Crespo-Mara et Julien Arnaud se préparent à entrer en piste. Dans quelques minutes, les deux journalistes prendront l'antenne et entameront un marathon de plus de sept heures de direct. L'heure est à la concentration, "seul maître-mot ce soir" pour Audrey Crespo-Mara, LA journaliste vedette de la chaîne du canal 26, qui s'engouffre discrètement sur le plateau. Plus décontracté, Julien Arnaud, un sachet de guimauves en chocolat à la main, prend le temps de noter sur ses fiches le chiffre de l'abstention qui sera annoncé à 18h.
18h00. Sur le plateau de la soirée électorale de TF1, installé au coeur du "foyer" de la chaîne qui jouxte la cafétéria, règne une ambiance de calme avant la tempête. Dans un coin, Gilles Bouleau et Anne-Claire Coudray répètent avec Catherine Nayl, la patronne de l'information du groupe, le "reveal", c'est-à-dire le moment - qui est le plus suivi de la soirée - où les deux animateurs révéleront les noms des qualifiés pour le second tour. Sur les écrans qui surplombent le petit plateau - une cinquantaine de mètres carrés à vue d'oeil -, la direction artistique de la chaîne teste la lisibilité de ses infographies.
18h30. La tension monte à quelques minutes de la prise d'antenne. Gilles Pélisson, PDG du groupe TF1, fait un bref passage en plateau, ne manquant pas de glisser un rapide mot d'encouragement à Anne-Claire Coudray et Gilles Bouleau. Si ce dernier semble garder son sang froid sous un visage forcément un peu crispé, la présentatrice des journaux du week-end laisse échapper de rares signes de nervosité. En coulisses, l'agacement se fait sentir, les portes claquent et les derniers raccords maquillage se font dans l'urgence. Sans mauvaise surprise, la prise d'antenne est finalement assurée dans les temps à 18h43. Dès lors, le plateau devient une petite coquille fermée - et ultra-surveillée - : personne n'entre et personne ne sort.
19h00. À plusieurs dizaines de mètres du plateau, en régie, Catherine Nayl garde un oeil sur la concurrence. Casque vissé sur la tête et téléphone portable à la main, la patronne de l'info surveille méticuleusement la soirée électorale de France 2 tout en s'assurant du bon fonctionnement de la sienne. Quand un reporter prend trop de temps lors d'un duplex, elle n'hésite d'ailleurs pas à taper du poing sur la table. "C'est bien mais c'est pas possible là, c'est trop long..." souffle-t-elle. À quelques mètres d'elle, les dirigeants de la chaîne observent, impassibles, le spectacle. Tapis dans l'ombre, loin des projecteurs sous lesquels seront reçus les invités politiques, tout l'état-major du groupe est là, de Gilles Pélisson à Ara Aprikian en passant par Xavier Gandon.
19h30. À quelques mètres du plateau, Antoine Guélaud, directeur de la rédaction de TF1, arpente nerveusement les allées de la cafétéria de la chaîne, reconvertie en salon d'attente pour les invités politiques et leurs proches. Une loge maquillage a été dressée à l'endroit où sont habituellement vendus des sandwichs tandis que des serveurs s'affairent à dresser un buffet sobre où se côtoient coupes de champagne et amuses-bouches légers. Dans quelques minutes, les premiers invités politiques débouleront dans cet endroit très privé, le seul qui a un accès direct sur le plateau.
19h55. Les premiers invités politiques sont arrivés. Escortés de leur entourage, tous ont les yeux rivés sur leur téléphone, à l'affût des dernières estimations remontées du terrain. Si certains ont la mine déconfite, d'autres restent impassibles. Dans un coin de la cafétéria, Marion Maréchal-Le Pen tente de s'isoler des caméras des reporters de "Sept à huit" - seule équipe de journalistes, outre puremedias.com et un photographe du journal "Le Monde", à être autorisée sur les lieux. Bientôt, la candidate frontiste doit remettre son portable à ses proches. Les portes du plateau, fermées depuis 18h30, viennent de s'ouvrir, les invités sont attendus pour commenter les résultats.
20h00. Sur les écrans du salon d'accueil - qui retransmettent en direct la soirée électorale tournée à quelques mètres -, les visages de Marine Le Pen et Emmanuel Macron s'affichent, crédités tous deux de 23% des voix. Autour d'Antoine Guélaud, de nombreux proches des invités politiques s'étonnent de ces estimations, certains rejetant notamment un classement qui laisserait penser que Jean-Luc Mélenchon devance François Fillon. Face à la grogne ambiante, un cadre de la Une s'inquiète alors et lance à la volée "Quelqu'un a les résultats de France 2 ?!".
20h30. En régie, loin de la cafétéria où les invités politiques vont désormais de succéder, l'ambiance est plus calme. Le cap des 20 heures a été passé sans accroc, si ce n'est celui d'estimations un peu trop prudentes. La pression est retombée d'un cran. Catherine Nayl veille au grain, Ara Aprikian et Xavier Gandon jettent un oeil discrètement sur les audiences live des box qui, pour l'heure, donnent TF1 devant France 2. Au coeur d'une soirée à la mécanique bien huilée, chacun sait où est sa place.