Il ira jusqu'au bout. Agacé par le portrait que lui avait consacré "Complément d'enquête" sur France 2 le 7 avril 2016, Vincent Bolloré avait saisi le tribunal de grande instance de Nanterre fin novembre de la même année, après avoir déposé plainte pour diffamation contre un numéro de "Complément d'enquête" réalisé par Tristan Waleckx sur France 2. La justice avait décidé en juin 2018 de relaxer la chaîne et par conséquent son journaliste.
Après cette décision, Vincent Bolloré avait décidé de faire appel. Mardi dernier, la Cour d'appel de Versailles a une nouvelle fois débouté l'homme d'affaires. Ainsi, France Télévisions a remporté son quatrième procès face à Vincent Bolloré. Toutefois, le dirigeant n'en démord pas et, selon le journaliste Tristan Waleckx, le chef d'entreprise a décidé de saisir la Cour de cassation concernant ce procès en diffamation. "Fidèle à son légendaire sens de la mesure, Vincent Bolloré vient officiellement de se pourvoir en cassation contre France 2 et 'Complément d'enquête'. Après avoir été blanchis quatre fois par la justice française et en attendant notre procès au Cameroun, nous serons donc jugés une cinquième fois ici", a-t-il écrit aujourd'hui sur Twitter.
Le 27 mars dernier, la Cour d'appel de Paris avait déjà donné une nouvelle fois raison à "Complément d'enquête" dans le procès intenté par Vincent Bolloré pour atteinte à ses intérêts commerciaux après la rediffusion du reportage par le chaîne publique. Vincent Bolloré réclamait notamment 50 millions d'euros. La victoire de France 2 et de son journaliste Tristan Waleckx s'était accompagnée d'une condamnation de Vincent Bolloré pour "procédure abusive". Vivendi avait déjà été condamné pour la même raison le 7 mars dernier pour avoir poursuivi le journaliste Nicolas Vescovacci, co-auteur du livre sur Vincent Bolloré "Vincent tout-puissant" (éditions Lattès), paru en janvier 2018.
Par ailleurs, une troisième procédure est toujours en cours au Cameroun, après la plainte déposée en novembre 2016 par la Socapalm, filiale camerounaise de Socfin, dont le groupe Bolloré est actionnaire, contre France Télévisions et Tristan Waleckx.
Le reportage de Tristan Waleckx dans "Complément d'enquête" se concentrait notamment sur les activités camerounaises du groupe Bolloré et avait mis en lumière le cas de la Socapalm, accusée d'avoir recours à de la main d'oeuvre mineure. Un autre extrait du reportage décrivait les conditions dans lesquelles le groupe s'était vu confier l'attribution de l'exploitation du port de Kribi, au Cameroun. Cette enquête avait valu à ses auteurs d'obtenir le prix Albert Londres 2017.
Vincent Bolloré avait publiquement accusé l'équipe de "Complément d'enquête" de bidonnage et estimé que les jeunes témoins interrogés dans le reportage avaient menti. Selon l'homme d'affaires, l'un d'entre eux était majeur, tandis que l'autre ne travaillerait pas pour la Socapalm. "Quand vous êtes (...) dans une mauvaise foi, dans un mensonge qui a pour but de déstabiliser, de décrédibiliser, il y a un moment où malheureusement, vous êtes obligé de dire 'Halte au feu !'. On arrête de parler. On laisse passer. Et je le regrette franchement", s'était épanché l'industriel devant ses actionnaires en juin 2016.