Edito. PJ-5, PJ-4, PJ-3... Le compte à rebours s'égrène depuis quelques jours au générique du "Petit Journal" comme le début d'une fin. Celle d'une émission. Mais surtout d'une chaîne. L'enterrement du clair de Canal+. Ce soir, Yann Barthès présente son dernier numéro sur le canal 4. Avec la fin de cette pastille devenue programme à part entière en 2011, et l'asile politique et cathodique de son producteur et de son animateur dans le groupe TF1, c'est l'enterrement d'une certaine façon de fabriquer la télévision. Ultra-produite, caustique, intelligente, irrévérencieuse, drôle, impertinente. Et jolie à regarder : Canal+, aidée par ses moyens financiers délirants, savait mieux que les autres mettre en images des émissions qui ont inspiré tout le PAF.
"Le Petit Journal" aura marqué l'histoire récente de la chaîne comme d'autres émissions avant lui, "Nulle part ailleurs", "Les Nuls", "Le Grand Journal", "Télés Dimanche", "TV+", "Dimanche+"... A mettre à son crédit ces dernières années, des trouvailles formidables comme "Catherine et Liliane", des talents révélés - Salhia Brakhlia, Eric et Quentin, Martin Weill..., des coups - Les "No-Go Zones" de Fox News, des scoops. Et bien sûr un décryptage acéré de la communication politique qui a poussé beaucoup d'élus à se moquer un peu moins de nous. LPJ, on le dit peu, était aussi une émission humaniste, toujours prête à défendre les minorités ou à mettre un coup de projecteur sur celles et ceux oubliés par les médias traditionnels. "Le Petit Journal" a aussi été critiqué toutes ces années, quelques montages tendancieux et son côté donneur de leçons ont aussi parfois crispé les téléspectateurs.
L'émission n'était pas le seul marqueur fort de l'identité de Canal+. Mais Vincent Bolloré s'est rigoureusement employé à les flinguer un par un cette saison : "Les Guignols", "Le Grand Journal", l'investigation ou encore "Le Zapping" qui ne se relèvera sans doute pas de sa trève estivale. La mort de Canal+ aura été lente et douloureuse. Sa convalescence risque de durer plusieurs saisons mais ne l'oublions pas, la chaîne a survécu à toutes les crises.
En septembre, avec des plages en clair réduites à plus grand chose, Canal sortira du radar médiatique et des emmerdes politiques. Ses animateurs stars virés ou rapatriés sur D8, plus personne ne s'intéressera à elle. Ca arrange bien l'industriel breton qui, depuis sa reprise en main du groupe il y a tout juste un an, s'est payé une polémique à chacune de ses décisions. Après avoir accusé de tous les maux la précédente direction, il n'échappera pas en janvier prochain à son premier bilan. Ce sera la saison 2 de Canal+ sauce Bolloré. Et cette fois, le Canal historique risque de bien se marrer !