Il fallait s'y attendre, la nomination de Roman Polanski comme président de la 42e édition des César déchaîne les passions. Pour rappel, en 1977, le réalisateur franco-polonais, à l'époque âgé de 43 ans, avait été poursuivi pour avoir violé une adolescente de 13 ans. Après avoir été libéré sous caution, le cinéaste, qui avait plaidé coupable de "rapports sexuels illégaux" avec une mineure, s'était enfui des États-Unis, pays dans lequel il n'a jamais remis les pieds.
De fait, le choix de l'Académie des César de confier la présidence honorifique de la plus prestigieuse cérémonie de récompenses du cinéma français divise l'opinion, entre ceux qui soutiennent le réalisateur et ceux qui contestent sa légitimité en raison de son passé trouble. Au sein même du gouvernement, les avis divergent, entre Laurence Rossignol, ministre des Droits des femmes qui a évoqué un choix "surprenant et choquant" et Audrey Azoulay, ministre de la Culture, qui tempère en estimant que les faits sont "graves" mais "anciens" et que le réalisateur demeure un "cinéaste de grand talent".
Si les associations comme "Osez le féminisme" sont outrées par l'élection du réalisateur du "Pianiste" et de "The Ghost Writer", de nombreuses personnalités du cinéma français, interrogées par Le Parisien à ce sujet, approuvent ce choix. Un professionnel de l'industrie cinématographique française allant même jusqu'à confier à la journaliste du Parisien que "Personne ne veut dire du mal de Polanski parce qu'il est une icône et que tous les acteurs rêvent de tourner avec lui".
Le comédien Gilles Lellouche en revanche s'est distingué en défendant vigoureusement le réalisateur et en fustigeant la polémique dans les colonnes du Parisien. "En France, on fait des polémiques de tout. On meurt de ça dans ce pays. Selon moi, il faut être cohérent. Polanski vit en France depuis quarante ans. Les faits qui lui sont reprochés précèdent cette arrivée" a estimé le comédien prochainement à l'affiche de "Rock'N'Roll" de Guillaume Canet.
"Je ne suis pas en train d'excuser les faits" a-t-il poursuivi avant de s'interroger, "Mais pourquoi, aujourd'hui plus qu'hier, devrait-il y avoir scandale ? Qu'est-ce qui se passe chez nous ? On devient américains ?". Le comédien s'emporte ensuite vigoureusement, "Je ne suis pas d'accord avec ça ! Il y en a marre de tous ces gens qui aboient avec la meute", avant de conclure que "Faire un scandale seulement aujourd'hui parce qu'il est président des César", ça "n'a pas de sens".