Il sort du bois. Face aux polémiques suscitées par les licenciements de Sébastien Thoen et Stéphane Guy, suite à une parodie de l'émission "L'heure des pros" de Pascal Praud, face aux critiques régulières sur la droitisation de sa chaîne, Serge Nedjar, directeur général de CNews, a pris la parole dans les colonnes du "Journal du dimanche " pour répondre à ses détracteurs et leur asséner quelques punchlines.
Serge Nedjar démarre son entretien en soulignant le succès de sa chaîne: "L'année est exceptionnelle (...) Toutes les émissions ont progressé. Avec "L'heure des pros", CNews est première chaîne nationale entre 10h et 10h30. "Face à l'Info", de Christine Kelly avec Eric Zemmour bat BFM TV. Nos rendez-vous ont tous progressé, de 50% à 300%. Pour être franc, je ne m'attendais pas à une telle progression. c'en est presque effrayant". Interrogé sur sa volonté de rattraper BFM TV, la chaîne info qui domine largement la concurrence, le dirigeant assure que cet objectif n'est pas forcément affirmé mais bien réel.
Pour expliquer le succès de la chaîne info du groupe Canal+, Serge Nedjar évoque les choix éditoriaux radicaux : "Nous avons été les seuls à aborder , dès le début et sans détour, certains thèmes sensibles, voir explosifs, des faits de société comme la sécurité, l'immigration, l'écologie ou les violences urbaines. Des questions que nos concurrents rechignaient à traiter". L'autre clé du succès selon lui est d'avoir donné la parole à des personnes qui n'étaient pas invitées sur les autres plateaux: "Il est important d'écouter toutes les opinions, mêmes les plus dérangeantes et les plus politiquement incorrectes".
Serge Nedjar balaie d'un revers de main toute comparaison avec la chaîne américaine Fox News : "CNews n'a absolument rien à voir. Nous ne sommes pas un média militant. Nous ne roulons pour personne et nous ne sommes l'instrument politique d'aucun parti, d'aucun groupe de pression." Interrogé sur Benoît Hamon qui a qualifié Cnews de "chaîne d'extrême droite complotiste", le patron de la chaîne juge la remarque "blessante" et injuste. "Eric Zemmour, c'est tente-trois minutes au coeur d'une grille qui compte dix-neuf heures de direct (...) Benoît Hamon doit être en campagne".
Concernant les licenciements de Sébastien Thoen et Stéphane Guy, Serge Nedjar relaie le discours officiel, selon lequel l'humoriste n'a pas été viré en raison de sa parodie mais de sa proximité avec Julien Cazarre, ancien collaborateur de la chaîne cryptée et détracteur identifié par la direction du groupe Canal. Il se dédouane tout de même de tout rôle dans ces licenciements, avec des formules de précautions comme "d'après ce que j'en sais" ou "je n'en sais pas plus". Manière de dire que la décision vient de plus haut.
Serge Nedjar revendique au contraire une "totale liberté" d'expression pour ses "journalistes, mais aussi pour les éditorialistes et intervenants extérieurs". Le dirigeant de CNews rajoute : "La seule obligation est la maîtrise de l'antenne par le présentateur". Une obligation qui n'a pas toujours été respectée selon le CSA, comme lorsque la chaîne a été mise en demeure de respecter ses obligations, notamment en matière d'incitation à la haine ou à la violence, à la suite de propos d'Eric Zemmour sur l'islam et la colonisation de l'Algérie, tenus dans l'émission " Face à l'info ".
Pour le directeur général de la chaîne, sur les 240 émissions de "Face à l'info", "seules 4 ont fait débat à partir de propos qui ont pu apparaître choquants ou qui l'ont été, mais qui ont été retirés de leur contexte puis montés en épingle par nos adversaires". Il épingle par la suite "France 2, France Inter et quelques quotidiens et hebdos. Des médias qui censurent, qui se comportent comme des juges, qui condamnent et absolvent selon que vous êtes ou non dans leur camp."
Dans cette interview, Serge Nedjar évoque enfin le traitement de la prochaine élection présidentielle, avec notamment une nouvelle émission à venir. "Nous commençons à muscler notre service politique (...), avec l'installation d'un nouveau rendez-vous en fin de journée. Nous allons traiter cette échéance à notre manière, non conventionnelle". Un propos qui fait écho à ceux rapporté dans le quotidien "L'Équipe" d'un délégué du personnel du groupe Canal disant que "Vincent Bolloré voulait clairement peser dans l'élection présidentielle 2022, notamment grâce à CNews".