Vincent Bolloré ne siégera plus au conseil de Vivendi. Hier soir, en marge de la présentation de ses résultats pour l'année 2018, le groupe de médias a fait de nombreuses annonces. Il a ainsi confirmé l'ouverture de discussions avec un ou plusieurs partenaires potentiels en vue de la cession d'une partie - jusqu'à 49% - du capital d'Universal Music Group. Par ailleurs, Vivendi annonce avoir choisi de déprécier de 1 milliard sa participation dans Telecom Italia pour tenir compte de la baisse du titre en cours de bourse.
Côté gouvernance, l'annonce d'un passage de témoin a été faite. Cyrille Bolloré, 33 ans, fils de Vincent Bolloré, remplacera son père au conseil de surveillance du groupe, présidé par Yannick Bolloré, à qui l'industriel d'origine bretonne avait cédé son siège en avril dernier. Dans le même temps, l'homme d'affaires avait aussi libéré son siège à la tête du directoire de Canal+. S'il quitte le conseil de Vivendi, Vincent Bolloré reste aux manettes en sa qualité de premier actionnaire. Pour rappel, l'industriel a mentionné à plusieurs reprises son projet de se retirer des affaires en 2022 et de céder sa place à ses quatre enfants pour piloter l'ensemble des activités de son empire.
L'annonce des résultats annuels de Vivendi a positivement surpris grâce à des chiffres supérieurs aux attentes des marchés. Une fois encore, le groupe a été porté par les résultats de la pépite Universal. En 2018, Vivendi rapporte un chiffre d'affaires de 13,9 milliards d'euros, en hausse de 4,9% à périmètre constant et de 11,3% en considérant la consolidation d'Havas. Le résultat d'exploitation courant progresse de 31%, à 1,44 milliard d'euros (+22,7% à données comparables).
Vivendi profite de la bonne santé d'Universal Music Group dont les revenus progressent, à données comparables, de 6,2% à 6,02 milliards d'euros. Tiré par la croissance du chiffre d'affaires, le résultat opérationnel courant s'élève à 942 millions d'euros, en hausse de 18,4%. Selon le groupe, la filiale musicale a bénéficié de l'augmentation des revenus liés aux abonnements et au streaming (+37,3%). Pour Vivendi, cette croissance "compense largement la baisse continue des ventes de téléchargements (-23,5%) et des ventes physiques (-16,1%)".
Si le soleil brille au beau fixe au-dessus de la tête d'Universal, le ciel reste ennuagé du côté de Canal+. Les revenus du groupe audiovisuel demeurent stables malgré un léger repli de 0,3%, à 5,2 milliards d'euros. L'international reste moteur de croissance (+6,8%) mais le chiffre d'affaires de Canal+ en France demeure orienté à la baisse (-3,4%). Grâce à sa politique de réduction des coûts initiée en 2016, le résultat d'exploitation s'améliore pour atteindre 429 millions d'euros (contre 349 millions en 2017), ce qui est toutefois en deçà de l'objectif de 450 millions que s'était fixé le groupe. Ce dernier se garde par ailleurs d'énoncer des perspectives claires pour l'année 2019.
Canal+ revendique un portefeuille global en France et à l'international (individuels et collectifs) de 16,2 millions d'abonnés, en croissance de 654.000 abonnés sur un an. Le nombre total d'abonnés individuels en France est en baisse, à 7,8 millions (contre 8,1 millions en 2017). Hors les offres en gros via les opérateurs télécoms, le nombre d'abonnés directs en France accuse un recul de 217.000 clients, à 4,73 millions (contre 4,95 millions en 2017), soit un niveau inférieur au nombre d'abonnés revendiqué par Netflix. Vivendi précise que la chaîne Canal+ a recruté 251.000 abonnés sur douze mois mais que le groupe perd des abonnés à CanalSat et à CanalPlay.