Un appel solennel aux candidats à la présidentielle. Dans un communiqué commun publié aujourd'hui, les Sociétés des journalistes (SDJ) de 38 médias déplorent les récentes violences ayant visé des journalistes couvrant la campagne.
"Nous déplorons la manière dont plusieurs de nos confrères ont été traités récemment par des militants ou des équipes de candidats : menaces, agressions, exclusions d'évènements de campagne", écrivent les signataires, dont TF1, BFMTV, l'AFP, CNews, "Le Monde", Libération", "Le Figaro", RTL, M6, ou encore les chaînes de France Télévisions.
"Nous appelons tous les candidats déclarés à l'élection présidentielle à s'engager publiquement à respecter le fait que tous les journalistes puissent couvrir la campagne dans des conditions satisfaisantes", ajoutent les SDJ. Et de demander "solennellement" aux candidats "de garantir, sans aucune discrimination, le libre accès aux diverses réunions et manifestations publiques", de "s'abstenir de prendre la presse pour cible dans des termes susceptibles de créer un climat hostile et préjudiciable à la liberté d'information", et enfin de "s'assurer que l'intégrité physique des journalistes soit pleinement préservée".
Ce communiqué fait suite au meeting d'Eric Zemmour dimanche à Villepinte (Seine-Saint-Denis), au cours duquel plusieurs journalistes ont été menacés, insultés, volés ou agressés. Une équipe de "Quotidien" a notamment été exfiltrée temporairement par les organisateurs, alors qu'elle était prise à partie par plusieurs militants présents dans la salle. En début de semaine, l'AFP a par ailleurs annoncé réfléchir à un dispositif de protection spécifique pour ses salariés couvrant les meetings du polémiste.
Le climat de violences a été alimenté par Eric Zemmour lui-même. Lors de son discours, regardé par plus de 2 millions de téléspectateurs, le candidat a ainsi multiplié les attaques contre les journalistes et les médias, accusés notamment de promouvoir la candidature d'Emmanuel Macron. "Il y a encore quelques mois, le pouvoir l'avait décidé, les journalistes l'avaient souhaité, la droite l'avait accepté: la prochaine élection présidentielle devait être une formalité pour cinq années supplémentaires de Macronisme", avait-il par exemple lancé dès le début de sa prise de parole.
En novembre dernier, une trentaine de SDJ avaient déjà demandé au gouvernement d'agir contre les "menaces de l'extrême-droite envers des journalistes".