Si la rédaction du "Journal du dimanche" pensait faire entendre le cri de désespoir des familles de victimes face à la justice, elle aura ravivé la douleur d'une famille endeuillée. "C'est comme si mon fils était à nouveau décédé ce week-end. J'ai eu ce terrible sentiment", a témoigné Lydia, la mère d'Enzo B. tué dans un accident de la route en janvier 2023, dans les colonnes de "Sud-Ouest". Cette habitante de Hinx, dans les Landes, rompt le silence, cinq jours après que la photo de la marche blanche en hommage à son fils soit apparue en Une de la première édition du "JDD" pilotée par Geoffroy Lejeune.
"C'est un ami qui nous a envoyé un message pour nous prévenir. Ça m'a terriblement secouée quand j'ai vu cette Une." Rémi, le compagnon de la mère de famille, déplore l'erreur commise par l'hebdomadaire dominical : "Ils se sont trompés de photo pour illustrer leur article. Et ça tombe sur nous. D'ailleurs ils ne parlent pas d'Enzo dans leur article. Du moins pas du nôtre." Si le prénom Enzo était cité à plusieurs reprises dans les pages du "JDD", c'était pour évoquer la mort d'un adolescent de 15 ans, poignardé le 22 juillet 2023 à La Haye-Malherbe dans l'Eure.
Passé un sentiment de grande colère, Lydia dénonce le journal et veut avant tout préserver ses trois autres enfants. "Je vous laisse imaginer ce qu'ils vivent." Elle confirme son intention de déposer plainte. "Je n'ai eu aucun contact avec cette rédaction avant ou même après. Pas un message, pas un coup de fil, rien du tout."
Après le début de la polémique, Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction du "JDD" depuis le 1er août 2023 avait assuré que "aucune erreur d'illustration" n'avait été commise sur la première page du journal. Il précisait qu'il s'agissait "juste (de) l'image de ces innombrables familles endeuillées dont nous parlons dans le dossier". À l'AFP Lagardère News avait expliqué avoir choisi "une photo de Une symbolique pour illustrer la détresse des familles face à l'atrocité. L'insécurité routière en fait partie et représente tous les autres combats."
La parution du journal le 6 juillet était la première depuis six semaines. La publication de l'hebdomadaire dominicale avait été interrompue par un mouvement de grève de la rédaction, dénonçant l'arrivée de l'ancien directeur de la rédaction de "Valeurs actuelles" à sa tête.