Premier "Journal du dimanche" piloté par Geoffroy Lejeune et premières polémiques. Alors que la nouvelle rédaction de l'hebdomadaire dominical a permis la publication du journal moins d'une semaine après la fin de la grève des journalistes, ce premier numéro a été marqué par de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux mais aussi de nombreuses erreurs de contenu. Et jusqu'à sa Une. Le premier numéro du "JDD" sous la direction de l'ancien directeur de la rédaction de "Valeurs actuelles" mettait en avant la thématique de l'"insécurité galopante" au travers d'une lettre ouverte de familles de victimes en page 2 mais aussi d'un dossier en page 3.
Pour illustrer le sujet, la mort d'Enzo était évoquée à plusieurs reprises dans les pages du journal. L'adolescent de 15 ans a été poignardé à La Haye-Malherbe, dans l'Eure, le samedi 22 juillet 2023. Pourtant les photos d'illustration publiées en première et troisième page sont celles d'une marche blanche organisée pour un autre Enzo. Ce dernier a été tué dans les Landes en janvier 2023, comme l'atteste la date inscrite sur une croix brandie par une participante sur la Une du "Journal du dimanche". La marche blanche avait quant à elle été organisée le 21 janvier à Hinx et suivie par le quotidien régional "Sud-Ouest", dont les photos ont été reprises par le "JDD".
Épinglé pour cette erreur par de nombreux utilisateurs de X, le nouveau nom de Twitter, le nouveau directeur de la rédaction a répondu aux critiques dimanche en début de soirée. "Aucune erreur d'illustration", a assuré Geoffroy Lejeune dans un post. "Juste l'image de ces innombrables familles endeuillées dont nous parlons dans le dossier... Le fait que vous tentiez de polémiquer à ce sujet est l'illustration parfaite : au lieu de relayer leur cri de détresse, vous dénigrez le journal qui en parle."
Si 17 faits divers sont cités dans l'article du premier "JDD" après 40 jours de grève, la mort d'Enzo tué dans les Landes n'est jamais mentionnée. Au contraire de celle de l'adolescent poignardé le mois dernier.
Outre la polémique de la photo, le "Dauphiné Libéré" a aussi révélé que la lettre ouverte présentée en page d'ouverture aurait en réalité été écrite par "une journaliste de CNews et du JDD". Présentée aux lecteurs comme un texte écrit par les familles de victimes dont les visages apparaissent sur la page, elles auraient simplement autorisé d'être signataires de la tribune mais n'en sont pas à l'initiative.
Le quotidien édité par le groupe Ebra cite Patricia Perez, la mère d'Adrien Perez tué le 29 juillet à Meylan après une rixe sur le parking d'une boîte de nuit et signataire de la lettre ouverte. "Que cette lettre ait été effectivement écrite par une journaliste du JDD ne change rien au fait que nous sommes d'accord à 100 % avec ce qu'il y est mentionné. Si cela avait été proposé par un autre journal, nous l'aurions tout autant signée. Nous sommes apolitiques, nous ne voulons pas être récupérés politiquement, mais ce qui est le plus important pour nous, c'est que nous voulons faire entendre la voix des victimes de toutes les façons possibles (...) Je continuerai à prendre la parole pour défendre cela et je continuerai à signer des textes pour porter la voix des victimes oubliées. En ce sens, je ne fais pas le jeu de l'extrême droite, je fais le jeu de la dénonciation des violences en France."