Des salariés montent au créneau. Selon "Libération", des membres du magazine d'information "Marianne" ont voté hier une motion de défiance contre leur direction en assemblée générale. Sur une trentaine de personnes présentes - le titre de presse compte 56 salariés -, 22 ont voté en faveur de cette motion qui vise principalement la directrice de la rédaction, Natacha Polony. L'origine de ce conflit provient de la non-titularisation d'une journaliste dont le CDD se termine à la fin du mois de septembre.
"(Natacha Polony) ignore ainsi, de fait, les inquiétudes provoquées par cette décision, pourtant clairement énoncées dans les différentes communications des salariés, concernant les besoins humains que nécessite le journal pour fonctionner à plein régime, tout comme le non-respect d'une des valeurs fondamentales du journal : la méritocratie", est-il inscrit dans le texte de la motion de défiance. Interrogé par le quotidien, un salarié de "Marianne" explique que "l'émotion vient principalement du fait qu'il y a un décalage entre le discours méritocratique soutenu par Polony à longueur de colonnes, et la pratique de la gestion du journal".
La motion vante le "dévouement total" de la journaliste concernée, qui a travaillé "en grande partie à elle seule (...) le volet de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19". La salariée en question était présente au sein de la rédaction depuis trois ans, deux ans en apprentissage et un an en CDD.
Lors de l'assemblée générale, Frédérick Cassegrain, directeur délégué du journal, a justifié la non-titularisation de la journaliste, en raison de questions budgétaires. De son côté, Natacha Polony, jointe par "Libération", indique avoir recruté 16 salariés sur les 18 derniers mois : "Je me bats tous les jours pour augmenter le nombre d'emplois dans la rédaction. Le risque, c'est le message qu'on envoie au groupe (CMI France, ndlr). Ca ne va pas me faciliter la vie plus tard pour obtenir des CDD".
Par ailleurs, l'éditorialiste a fait savoir qu'elle avait proposé un poste dans un autre service du groupe CMI France à la journaliste en question, au sein de la rédaction numérique du magazine "Elle". De plus, Natacha Polony précise que le texte de la motion de défiance n'a pas été voté en assemblée générale, mais rédigé après celle-ci. Une information confirmée à "Libération" par un salarié présent, qui indique que le vote donnait mandat pour l'écriture du texte.
A cette réponse de leur directrice, des journalistes répondent au quotidien : "16 personnes sont arrivées, mais plus d'une dizaine sont aussi partis en 18 mois. Les effectifs n'ont pas tellement augmenté". Ils pointent également du doigt un management "clanique" et "vertical" depuis plusieurs mois. Une nouvelle AG est prévue lundi prochain pour le vote d'une éventuelle grève.