Visiblement, le contentieux ne datait pas de ce week-end. Samedi soir, Alain Minc était l'un des invités de Laurent Ruquier dans son talk-show hebdomadaire "On n'est pas couché". L'économiste venait y assurer la promotion de son nouveau livre, "L'âme des nations", paru aux éditions Grasset. Mais face aux deux polémistes de l'animateur, Natacha Polony et Aymeric Caron, la tension s'est installée dès les premières minutes d'un face-à-face qui a duré près de 40 minutes.
Il faut dire que, dès le début, Natacha Polony, nouvelle recrue d'Europe 1, n'a pas mâché ses mots et a attaqué l'ouvrage en question : "Votre livre, vous voyez, on pourrait pinailler sur des détails... Mais en fait, c'est d'un ennui ! Je me suis ennuyée, vous n'imaginez pas ! Au bout de deux pages, je pouvais vous dire exactement où vous alliez aller". Face à cette attaque directe, Alain Minc a remis en question l'implication de la journaliste. "Un vieil auteur sait quand on n'a pas lu un livre, et vous ne l'avez pas lu", lui a-t-il lancé, même si son interlocutrice a assuré qu'elle avait bien lu le livre dans son intégralité.
Et le courant n'est pas mieux passé entre l'auteur et Aymeric Caron, qui remplace cette saison Audrey Pulvar, désormais chroniqueuse sur D8 aux côtés de Laurence Ferrari. Le nouveau polémiste a en effet pris la parole à son tour mais son ton n'a pas plu à Alain Minc. "Ne prenez pas cet air méchant pour me dire ça !", a ainsi lancé l'économiste avant que Natacha Polony ne reprenne ses attaques quelques minutes plus tard. "Vous vous êtes trompé sur à peu près tout ! La crise s'était terminée en 2008, il y avait des armes de destruction massive en Irak, vous vous êtes trompé sur à peu près tout !", a lancé la journaliste, provoquant la colère de l'invité. "Faites mieux vos fiches !", lui a-t-il alors répondu.
Puis, la conversation a évolué sur le thème du modèle anglais, et là encore, Alain Minc et Natacha Polony se sont envoyé des gentillesses. Quand l'économiste sous-entend que les idées que lui prête sont interlocutrices sont faux, il précise qu'il ne les a jamais tenus dans aucun de ses livres. "Mais je ne vais pas vous imposer la lecture de mes 30 bouquins, vous en mourriez d'ennui !", ajoute-t-il, avant que la polémiste réponde du tac-au-tac : "Je le crains, j'en ai déjà lu quelques uns et j'ai du mal à m'en remettre".
Et les politesses s'enchaînent. "Elle est pas mal quand même !", lance Laurent Ruquier pour soutenir sa chroniqueuse, mais Alain Minc n'est pas vraiment impressionné. "Elle a travaillé, mais ponctuellement !", lance-t-il, avant de s'en prendre à son interlocutrice une nouvelle fois. "Vous venez de dire une connerie, je n'y peux rien !", lâche l'économiste. "Ce sera toujours moins que le nombre de conneries que vous avez pu dire sur l'économie !", lui répond la journaliste.
Et Laurent Ruquier en prend en suite pour son grade quand, tentant de détendre l'atmosphère, il sort une boutade sur la petite taille d'Alain Minc. "On ne peut pas vous raccourcir beaucoup, monsieur Minc", plaisante-t-il ainsi avant d'enchaîner avec une autre blague. "Ce n'était pas inélégant, c'était médiocre !", répond Alain Minc, avec toutefois un petit sourire aux lèvres. L'économiste ne s'arrête pas là et reprend son échange de plus belle avec Natacha Polony, se défendant d'être coupé du peuple en sortant la carte de ses parents communistes.
"Faire référence aux parents, à ce que vous croyez de la personne que vous avez en face de vous n'est quand même pas une façon très intellectuellement honnête de débattre", lui sort la polémiste. "Mais parce que vous n'êtes pas intellectuellement honnête !", répond l'auteur. Pas décontenancée pour autant, Natacha Polony s'amuse de recevoir ce type de critiques d'un homme qu'elle qualifie de "prototype de la malhonnêteté intellectuelle".
Le temps passe, la tension monte encore un peu et Alain Minc avoue : "C'est la première fois dans une émission de télé que je regarde ma montre". Mais ce n'est pas encore fini. L'échange se termine sur des questions d'Aymeric Caron concernant la cible de ce livre et sur la condamnation pour plagiat dont l'auteur a fait l'objet. "Ce n'est pas la peine de me demander avec ce regard haineux pour qui je l'ai écrit !", lance l'auteur, qui interrompt souvent les deux polémistes. Natacha Polony, elle, enfonce le dernier clou : "Voilà typiquement le genre de livre qui vous permet d'être bankable auprès des gens que vous conseillez et qui n'a pas d'autre intérêt", lâche-t-elle.
Mais malgré la tension qui a marqué tout cet échange, Alain Minc semble ne pas trop en tenir rigueur à ses interlocuteurs. Quand Laurent Ruquier lui demande de donner un conseil pour améliorer son émission, l'économiste répond du tac au tac : "Me réinviter !".