Le second degré, persona non grata de l'humour versaillais. Jean-Michel Aphatie, intervieweur politique de franceinfo et chroniqueur de "C l'hebdo", vient d'en faire la malheureuse expérience. Invité de Sonia Mabrouk dans l'émission "On va plus loin" sur Public Senat, le 9 novembre dernier, l'éditorialiste, invité à dresser un parallèle entre l'élection de Donald Trump aux États-Unis et la situation politique en France, s'est laissé aller à quelques bons mots.
Jugeant que "l'esprit politique français est fabriqué par le souvenir de Louis XIV, de Napoléon et du général de Gaulle", Jean-Michel Aphatie a assuré que "quand on fait de la politique en France, Madame, c'est pour renverser le monde" avant de lancer "Moi, si un jour, je suis élu président de la République, savez-vous quelle est la première mesure que je prendrais ? Je raserais le Château de Versailles".
En plateau, Sonia Mabrouk le coupe instantanément : "Vous n'êtes pas près d'être élu, je peux vous le garantir. Soyez tranquille, vous resterez journaliste" affirme-t-elle, amusée. L'éditorialiste reprend alors : "Ce serait ma mesure numéro 1. Pour que nous n'allions pas là-bas en pèlerinage pour cultiver la grandeur de la France".
Passés relativement inaperçus lors de leur diffusion, mercredi dernier, ces propos ont été exhumés ce week-end par de nombreux internautes en colère sur Twitter. Rapidement, de nombreuses personnalités politiques, marquées à droite, ainsi que des influenceurs notoires de la "catho-sphère" se sont emparés de la polémique et sont montés au créneau contre l'éditorialiste. Parmi ceux-ci : L'Abbé Grosjean ou encore Marion Maréchal Le Pen.
Outrée, la municipalité conservatrice de Versailles s'est également emparée du sujet. François de Mazières, député-maire de l'ancienne capitale du Royaume de France, s'en est personnellement pris à l'éditorialiste, taclant un "complexe du chauve" sur Twitter. Dans son sillage, l'un de ses adjoints a publié une série de tweets très violents contre l'éditorialiste, l'accusant d'être le symbole de la haine contre l'héritage et d'appartenir à une génération de défaites qui "laisse un champ de ruines".
Hier, alors que la polémique montait sur Twitter, Jean-Michel Aphatie s'est fendu d'une réaction dans un long billet publié sur son blog. "Evidemment, il s'agissait d'une boutade, incluse dans un raisonnement", a assuré l'éditorialiste avant d'avouer sa "surprise" de voir "cette boutade montée en graine sur Twitter". Jean-Michel Aphatie a alors taclé la réaction de "toute une série de gens suspects" qu'il accuse d'avoir vu en lui "un épigone de Daesh, et bien sûr un mauvais Français, un patriote de pacotille".
Celui qui vient de publier l'ouvrage "On prend (presque) les mêmes et on recommence" conclut son billet en regrettant que "bientôt, ni l'humour ni la dérision n'auront plus droit de cité dans notre beau pays", fustigeant un "talibanisme ordinaire contre lequel il faudra lutter, sans rien céder". À ses détracteurs du dimanche, l'éditorialiste, jamais avare en clins d'oeil, lance : "Pour l'heure, je vais me détendre et visionner un reportage sur ce magnifique château que Louis XIV se fit construire, il y a longtemps de cela, au sud-ouest de Paris. Une belle bâtisse, en vérité, toujours plaisante à visiter..."