La spectaculaire bataille financière opposant Lagardère à Vivendi continue. Censée se terminer à la fin du mois de septembre, la mission de médiation confiée le 10 juin dernier à René Ricol par le Tribunal de commerce de Paris a ainsi été prolongée de quelques semaines selon BFM Business. Rappelons que les deux groupes médias français se déchirent depuis plusieurs mois autour de l'utilisation du "trésor de guerre" accumulé par Canal+ France. Cette société comprend notamment les chaînes Canal+ (Canal+, Canal+ Cinéma, etc.), le bouquet Canalsat et plusieurs chaînes thématiques comme Jimmy ou Comédie+.
Tout a commencé en février dernier lorsque le groupe Lagardère, actionnaire à 20% de Canal+ France, a assigné en justice Vivendi, propriétaire de 80% de la société. Par cette action, Lagardère entendait dénoncer la convention liant Canal+ à Vivendi et permettant à la maison mère de faire "remonter" à son profit la trésorerie de Canal. Privé par cette manoeuvre de dividendes, le groupe d'Arnaud Lagardère réclamait ainsi l'annulation de cette convention et la restitution des sommes déjà "remontées" à Vivendi, soit 1,6 milliard d'euros. Le groupe de Jean-René Fourtou avait pour sa part rapidement contre-attaqué en réclamant 8,9 millions d'euros à Lagardère, dont 7,2 de dommages au titre du "préjudice d'image". Pour tenter de trouver une solution à l'amiable à cet imbroglio, le Tribunal de commerce de Paris avait finalement nommé un médiateur, le 10 juin dernier.
Rappelons que Lagardère cherche depuis de longs mois à sortir du capital de Canal+ France, malgré les récentes déclarations d'Arnaud Lagardère allant dans le sens contraire, et qui ne sont, selon les observateurs, qu'un coup de bluff. En fait, Vivendi et Lagardère ne se sont jamais entendues sur le montant d'une sortie pure et simple de Canal+. Vivendi valoriserait les parts de son actionnaire minoritaire à hauteur de 800 millions d'euros alors que Lagardère en attendrait près du double.
Dans un communiqué, Vivendi comparait d'ailleurs l'action en justice intentée par Largardère à une "tentative de déstabilisation" pour le forcer à racheter ses 20% dans Canal+ France. Si le rachat par Vivendi de ses parts échoue, le groupe d'Arnaud Lagardère n'aura d'autre solution que l'introduction en bourse de Canal+ pour espérer vendre sa participation. Un temps envisagée, l'opération avait finalement capoté face à l'atonie des marchés boursiers.