Cinéma
"Vaste cathédrale de gêne" : "Libération" étrille les César
Publié le 3 mars 2018 à 12:35
Par Pierre Dezeraud
Dans une tribune au vitriol, les deux critiques ciné de "Libé" font savoir qu'ils n'ont que peu goûté la soirée qui s'est déroulée hier soir à la salle Pleyel.
Manu Payet maître de cérémonie des César 2018 Manu Payet maître de cérémonie des César 2018© Canal+
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Les César n'ont, une fois de plus, pas fait l'unanimité. Hier soir, Canal+ retransmettait - en clair et en léger différé - la 43e cérémonie des César, cérémonie de récompenses la plus prestigieuse du cinéma français. Au cours de cette soirée animée depuis la salle Pleyel par Manu Payet et suivie par plus de 2 millions de personnes, les films "120 battements par minute" et "Au revoir là-haut" se sont, sans surprise, imposés comme les coups de coeur des votants de l'Académie des César.

Chaque année, la cérémonie, très scrutée, fait l'objet de nombreux commentaires, enthousiastes ou acerbes. Longueurs, blagues ratées ou encore élitisme... Les César sont habitués de longue date à recevoir leur lot de critiques. Et cette année, c'est "Libération" qui mène le plus durement la fronde avec une tribune à charge intitulée "'120 battements par minute' sauve les César". En cette "ère post-Weinstein", les critiques ciné de "Libé" s'attendaient à un "grand déballage, (un) lessivage intégral, (une) opération mani pulite du cinéma français" et ils ont été pour le moins déçus.

Manu Payet "poussif"

"Malgré les effets d'annonce (...) il semble que tout le monde ou presque (...) était prêt à se contenter d'un cours express de consentement mutuel administré par le poussif Manu Payet et d'une standing ovation très pénétrée mais pliée en quarante-cinq secondes, dont on a eu quelques difficultés à cerner l'impact exact sur l'évolution des moeurs" écrivent Didier Péron et Julien Gester. "L'an prochain, on peut donc compter sur une séquence similaire dévolue à la cause des cheminots" ironisent-ils à propos de ce "moment 'Balance ton porc'".

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"Abondamment irrigué en traits de génie par les auteurs géniaux élevés au bon grain par Vincent Bolloré, Manu Payet a aussi pris l'initiative de siffler l'heure du "moment gênant" comme archétype structurant des César depuis leur création" poursuivent-ils. Mais pour les deux critiques, ce moment, qualifié de "mise en abîme ratée" n'en était qu'un parmi d'autres puisqu'ils estiment que "cette année, c'est l'intégralité de la cérémonie qui constituait une vaste cathédrale de gêne hérissée de tous les poncifs de circonstance". Et si la soirée comptait de "trop rares éclairs de lucidité sur le sens de ce cirque", la paternité n'en revient, selon eux, qu'à l'équipe multi-récompensée de "120 battements par minute".

"Une certaine idée du bien-être saccagée en règle dès le numéro d'entame musicale"

Et ce n'est pas non plus le "jingle symphonique importé sauvagement de la cérémonie des oscars pour faire taire les impétrants trop bavards" ou le César du public, "seul prix décerné qui ne repose sur aucune forme de suffrage" qui ont leur permis d'apprécier la soirée et ses quelques innovations. Au bilan, les deux critiques identifient deux perdants : "Le sens de la fête", nommé dans dix catégories et qui a fait chou blanc, et "une certaine idée du bien-être le vendredi soir, saccagée en règle dès le numéro d'entame musicale des festivités".

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