Patrick Drahi et Alain Weill se partagent les journaux d'Altice. Selon une information de "Challenge", confirmée aujourd'hui par un communiqué du groupe Altice, le premier va céder au second L'Express, groupe de presse racheté en 2015 par Altice. Concrètement, Alain Weill, actuel PDG d'Altice France et DG d'Altice Europe, va faire "une entrée majoritaire au capital de L'Express à travers sa société News Participation", annonce le communiqué d'Altice. "Le prix d'acquisition est nul", selon "Libération".
Alain Weill ne se contentera pas d'être l'actionnaire majoritaire du groupe de presse puisqu'il sera aussi nommé président de ce dernier et directeur de la publication "pour intervenir au plus proche des équipes et du projet". Le contesté patron depuis novembre, Philippe Jannet, va, lui, quitter le groupe. Alain Weill conservera par ailleurs ses fonctions au sein d'Altice France et Altice Europe. Le groupe de Patrick Drahi restera quant à lui au capital de L'Express, afin de poursuivre les "synergies avec les autres médias du groupe". Altice conservera enfin la main sur "Libération", racheté en 2014.
"Les efforts portés sur 'L'Express' depuis 2017 n'ont pas apporté les résultats escomptés à ce stade. Ces mois difficiles ont renforcé la conviction du management qu'un projet de redressement était impératif", annonce Altice dans son communiqué. L'hebdomadaire "L'Express" a en effet vu sa diffusion payée tomber à 243.948 exemplaires au troisième trimestre 2018 selon l'ACPM, contre 405.603 exemplaires en 2014. L'hebdo a perdu près de 10 millions d'euros en 2018.
Très ambitieux, Alain Weill vise le retour à l'équilibre dès l'année prochaine. Pour ce faire, il promet une "nouvelle exigence éditoriale", un "investissement" d'une vingtaine de millions d'euros et de "l'innovation". Il annonce aussi un "strict contrôle des coûts qui se traduira aussi par un ajustement des effectifs", avec l'ouverture automatique d'une clause de cession visant 30 à 40 postes de journalistes selon "Le Figaro". En 2015, un plan de départs de 125 salariés s'était ajouté aux 115 départs ayant eu lieu lors du rachat par Altice la même année.
"L'objectif est clair", annonce Alain Weill : "redonner à L'Express son aura et son influence dans le débat public – une place plus nécessaire que jamais - et renouer avec la croissance et la rentabilité en 2020". Vaste programme.